Endettement de la France : le pays menacé «d'étouffement progressif», alerte le gouverneur de la Banque de France
© Kevin Dietsch Source: Gettyimages.ruÉcartant un risque immédiat de faillite, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a alerté ce 25 octobre sur la situation budgétaire du pays : le cercle vicieux de l’accroissement du poids de la dette et les conséquences de l’instabilité politique qui paralyse la France depuis plus d’un an.
« Il est urgent d’agir, et nous en avons la capacité », a plaidé le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans un entretien publié dans La Croix ce 25 octobre, au lendemain de la révision à la baisse par Moody’s de ses perspectives sur la note de la France.
Pour ce haut fonctionnaire, réputé être l’un des mieux payés de la République française, « notre problème spécifique est donc budgétaire » et il a appelé à « dire la vérité » aux Français quant à « deux grandes illusions » : celle que « ce n’est pas si grave et que nous pouvons continuer à dépenser comme avant » et « la seconde qu’il n’y a pas de solution ».
« Notre pays n’est pas menacé de faillite, mais d’étouffement progressif », a-t-il assuré dans sa réponse à une question posée sur le « maintien » par l’agence américaine Moody’s de la note de la France.
« D’abord des intérêts de plus en plus coûteux, de 30 milliards par an en 2020 à plus de 100 milliards à la fin de la décennie, c’est autant d’argent que nous n’avons pas pour la transition écologique ou la défense », a-t-il poursuivi, « ensuite, par contagion, des emprunts plus chers pour les ménages – le crédit immobilier – et les entreprises. Enfin et surtout, une dette de plus en plus lourde que nous léguons à nos enfants et petits-enfants ».
« Plus nous attendons, plus difficiles les remèdes in fine seront »
Selon lui, le maintien du Aa3 de la France par Moody’s, à ses yeux, « dit que notre pays garde des atouts, même si la perspective sur la notation devient négative ». Néanmoins « toutes les agences s’alarment de l’instabilité politique et de notre sérieux problème budgétaire », a ajouté celui qui depuis des mois met en garde contre le « déni budgétaire » et le risque d’« enfoncement progressif », à l’instar d’un entretien au Figaro publié fin 2024.
« Plus nous attendons, plus difficiles les remèdes in fine seront, donc la France doit traiter son problème budgétaire », avait-il notamment assuré mi-septembre dans une matinale de BFM Business et RMC Découverte.
La France est plongée dans une crise politique sans précédent sous la Ve République depuis la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron en juin 2024, au soir d’une cuisante défaite du parti présidentiel et de ses alliés aux élections européennes face au Rassemblement national. Depuis son arrivée au sommet de l’État au printemps 2017, l’endettement de la France s’est aggravé de plus de 1 100 milliards d’euros.