Vols de pièces auto : un fléau national

En France, un véhicule est dépouillé toutes les trois minutes, alimentant un marché noir florissant. Pots catalytiques, optiques, banquettes : rien n’échappe aux voleurs. Les autorités intensifient la lutte face à cette délinquance organisée, mais le préjudice s’alourdit pour les automobilistes.

Un vol de pièces automobiles toutes les trois minutes : le chiffre, révélé par Le Figaro et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), illustre l’ampleur d’un fléau qui gangrène la France.

En 2024, près de 100 000 plaintes ont été enregistrées, soit une hausse de 10 % en un an, et ce nombre est probablement sous-estimé, car beaucoup de victimes renoncent à porter plainte, découragées par des démarches complexes ou un faible espoir de récupération.

Un marché parallèle de Paris à l’Afrique de l’Ouest

Pots catalytiques, optiques, jantes, banquettes arrière, voire batteries de véhicules hybrides : tout est ciblé par des réseaux criminels organisés, alimentant un marché parallèle lucratif, de la région parisienne à l’Afrique de l’Ouest. Les pièces les plus convoitées sont celles des véhicules de grande série, facilement revendables. Les pots catalytiques, riches en métaux précieux comme le palladium, représentent 19 % des vols, tandis que les optiques, dont le coût a bondi de 70 % en cinq ans, constituent un tiers des cas. Les banquettes arrière, comme celles des Citroën C3, sont prisées pour convertir des utilitaires en véhicules particuliers, revendables à meilleur prix. Les jantes en aluminium (18 % des vols) et les batteries hybrides, revendues jusqu’à 4 000 euros au marché noir, complètent ce triste palmarès.

Les métropoles comme Marseille, Lyon ou Saint-Étienne, mais surtout leurs périphéries (Trappes, Vitrolles), sont les plus touchées, avec 5 à 7 vols pour 1 000 habitants. Les parkings publics, mal éclairés ou isolés, sont des cibles privilégiées.

Face à cette « razzia », les autorités, sous l’égide des ministères de l’Intérieur et de la Justice, classent ce phénomène comme prioritaire. Des enquêtes spécialisées et la vidéosurveillance sont renforcées, mais les filières, souvent internationales, restent difficiles à démanteler. Les conseils des forces de l’ordre incluent le stationnement dans des zones sécurisées, le gravage des pièces ou l’installation d’alarmes et d’écrous antivol.

 Les assureurs, comme Argos, notent une flambée des coûts, qui risque d’alourdir les primes. Ce trafic, dopé par la hausse des prix des pièces neuves (+15 % depuis 2022), expose les automobilistes à une insécurité croissante et un préjudice financier lourd, sans solution immédiate. La mise en lumière de ces vols fait suite à la médiatisation mi-août du vol de cuivre qui touche également la France.