Le FMI alerte sur la trajectoire économique incertaine de la France

Dans son dernier rapport, le FMI met en garde contre la faiblesse de la croissance française, plombée par une demande intérieure atone et une dette publique croissante. Sans réformes ambitieuses, le pays risque une crise budgétaire majeure d’ici à 2030.
Le Fonds monétaire international (FMI) a publié, le 26 mai, un diagnostic préoccupant de l’économie française, soulignant la faiblesse de la croissance et une trajectoire budgétaire inquiétante. Selon l’institution, la consommation et l’investissement peinent à repartir, freinés par un manque de confiance des ménages et des entreprises, exacerbé par la fragmentation politique et les tensions sociales, notamment autour de la réforme des retraites. Cette situation, couplée à une austérité budgétaire, limite la demande intérieure, moteur essentiel de la croissance.
Un déficit qui stagne et une dette en hausse
Le FMI pointe un déficit public de 5,8 % du PIB en 2024, loin des 3 % visés par le gouvernement pour 2029 dans un contexte économique morose. Sans « mesures significatives », ce déficit pourrait stagner autour de 6 %, avec une dette publique en hausse continue d’ici 2030. La Cour des Comptes et la Commission européenne partagent ce scepticisme, qualifiant les prévisions gouvernementales d’« optimistes ».
Le FMI recommande une réduction drastique du déficit primaire, nécessitant des coupes de 3,5 à 4 points de PIB, soit un effort d’austérité massif axé sur la baisse des dépenses publiques.
Parmi les pistes évoquées, le FMI suggère de réduire les niches fiscales, comme le Crédit d’impôt recherche, et de lutter contre l’évasion fiscale pour plus d’équité. Il propose également de revoir le système des retraites, potentiellement en abaissant les pensions, et de simplifier les allocations chômage, mesures controversées qui risquent d’aggraver les tensions sociales.
Par ailleurs, le FMI souligne des opportunités dans la défense, la transition numérique et énergétique, mais regrette le recul sur des projets comme le Green New Deal. Le pari sur l’intelligence artificielle et l’énergie décarbonée, notamment via les EPR, est jugé coûteux et incertain.
Le spectre d’une mise sous tutelle par le FMI ou d’une intervention de la Banque centrale européenne (BCE) plane, bien que cette dernière soit plus probable pour stabiliser les marchés en cas de crise. Un plan d’austérité, impliquant une baisse de 10 points du ratio dépenses publiques/PIB, serait « extrêmement douloureux » et inclurait un relèvement de l’âge de départ à la retraite. La France bénéficie encore de la protection de la BCE, mais sans consensus politique pour réduire les dépenses, le risque d’une sanction des investisseurs s’accentue.
Le FMI appelle à des réformes volontaristes pour restaurer la crédibilité budgétaire et relancer la croissance, tout en préservant les atouts français, comme son système bancaire et son potentiel technologique. Sans action rapide, la France pourrait s’approcher d’une crise majeure.