Terrorisme adolescent : la France comptabilise 80 tentatives d'attentats sur 120, selon Europol

L’Europe, et particulièrement la France, font face à une montée du terrorisme juvénile, alimentée par la radicalisation en ligne, la polarisation idéologique et l’impact des conflits internationaux, selon le Wall Street Journal. Les mineurs, devenus acteurs clés, échappent souvent à la surveillance des autorités.
Un phénomène inquiétant se propage à travers l’Europe : l’implication croissante de mineurs dans des projets terroristes, a rapporté le Wall Street Journal. Des adolescents d’à peine 14 ans ont été arrêtés ces derniers mois pour avoir planifié des attaques contre des cibles civiles telles que des lieux de culte, des centres commerciaux ou encore des concerts. « Ce qui est nouveau, c’est le nombre de jeunes directement impliqués dans la préparation d’actes terroristes, parmi lesquels de très jeunes gens », a déclaré Thomas Renard, directeur du Centre international de lutte contre le terrorisme à La Haye.
Face à cette dynamique, le nombre d’attaques, qu’elles soient réussies, déjouées ou avortées, a quadruplé dans l’Union européenne entre 2022 et 2023, atteignant 120 incidents, dont 80 cas pour la France, selon Europol. Et même si de nombreuses attaques sont évitées, les décès liés au terrorisme ont augmenté de 61 % en Occident entre 2023 et 2024, avec un nombre d’attaques réussies ayant doublé pour atteindre 67.
En Autriche, une jeune fille originaire du Monténégro a été interpellée avec des armes blanches et du matériel de propagande djihadiste. D’autres jeunes, souvent influencés par des contenus violents en ligne, ont été arrêtés pour des intentions similaires. Trois concerts de Taylor Swift à Vienne ont dû être annulés après la découverte d’un complot impliquant trois jeunes âgés de 17 à 19 ans.
D'après le journal américain, cette nouvelle vague de radicalisation juvénile s’explique par plusieurs facteurs conjugués : la diffusion massive et accélérée de contenus extrémistes sur les réseaux sociaux, parfois amplifiée par l’intelligence artificielle, la puissance d’attraction de plateformes comme TikTok, et le retentissement d’événements géopolitiques comme la guerre à Gaza.
Selon Peter Neumann, professeur au King’s College de Londres, les adolescents représentaient les deux tiers des arrestations d’islamistes en Europe dans les huit mois ayant suivi le déclenchement du conflit à Gaza en octobre 2023.
Toutefois, l’extrémisme islamiste n’est pas seul en cause. L’extrême droite séduit également des jeunes. En Belgique, un adolescent de 14 ans, adepte d’idéologies néonazies, a été arrêté pour avoir envisagé une attaque contre une mosquée. Entre 2022 et 2024, un tiers des affaires de terrorisme en Belgique impliquaient des mineurs. Au Royaume-Uni, près d’un suspect sur cinq est un enfant.
La majorité des jeunes radicalisés le sont par internet, échappant ainsi aux radars des autorités. Le phénomène des « loups solitaires » s’intensifie : 93 % des attentats mortels récents en Occident sont le fait d’acteurs isolés. Selon Global Terrorism Index, la durée moyenne de radicalisation a fortement diminué, passant de seize mois en 2002 à quelques semaines aujourd’hui. Il est à noter que les idéologies tendent à se mêler en ligne. Des suprémacistes blancs peuvent reprendre des éléments de la rhétorique djihadiste, et inversement.