Armement contre élégance : la France entre puissance militaire et chute du luxe
© Petros Karadjias
Avec le désengagement des États-Unis en matière de défense dans le monde et l’affirmation de la puissance militaire de la Chine, s’équiper sur le plan militaire devient une nécessité et non un luxe. Ces conditions favorisent l’essor de l’industrie militaire française, alors que ses marques de luxe traversent une période de turbulence.
Face à des Américains qui donnent des signes d’un éventuel non-respect de l’article 5 de la charte fondatrice de l’OTAN, et aux manœuvres militaires belliqueuses de la Chine dans l’Indo-Pacifique, les Français sont confrontés à la nécessité de s’équiper davantage sur le plan militaire.
Or, il est connu que l’équipement militaire français est coûteux. À titre de comparaison, un avion Rafale fabriqué par Dassault Aviation coûte environ 100 millions de dollars dans sa version de base, contre 80 millions de dollars pour un F-35 de Lockheed Martin.
Le Rafale, nouveau symbole du luxe stratégique
Malgré cela, certains pays n’hésitent pas à faire appel à l’industrie militaire française, à l’instar de l’Égypte qui, selon un nouvel accord, disposera bientôt de 54 appareils, l’Inde (36), le Qatar (36), les Émirats arabes unis (80), la Grèce (18), la Croatie (12) et l’Indonésie, qui a entamé les négociations pour commander 36 aéronefs.
Ce choix peut s’expliquer par le fait que les chasseurs américains, en l’occurrence le F-35, posent un problème de souveraineté malgré leurs performances technologiques avancées. En effet, le F-35 est un système ultra-complexe entièrement contrôlé par les États-Unis, dont l’aval est nécessaire pour toute maintenance, voire pour son usage en temps de guerre.
Ce nouveau contexte géopolitique a favorisé l’essor des entreprises françaises d’armement. Respectivement, les entreprises Thales, Exosens et Dassault Aviation ont vu leurs actions grimper de 82 %, 73 % et 54 % cette année. La France avait consolidé en 2024 sa place de deuxième exportateur mondial d’armes.
Le revers de l’industrie du luxe
En parallèle, ce même contexte complique les affaires de l’autre fleuron de l’économie française : l’industrie du luxe. En effet, dans un monde où l’on se sent sous la menace militaire, les consommateurs sont moins disposés à acheter ce type de produits.
Si l’on ajoute à cela les nouvelles barrières douanières et la reprise de l’économie chinoise post-Covid qui tarde à venir, les entreprises françaises du luxe connaissent leur pire année.
Hermès et LVMH, fabricant des vestes Christian Dior et des sacs Louis Vuitton, ont annoncé des ventes en baisse et des résultats à venir décevants. Les plus grands noms du capitalisme français ont vu leurs valeurs fondre en Bourse : Kering a perdu 31 % de sa valeur cette année, Rémy Cointreau 25 %, LVMH 24 % et Pernod Ricard 15 %.
