Emmanuel Macron appelle les chercheurs à choisir la France et l’Europe

Lors d’un appel lancé le 18 avril, Emmanuel Macron invite les chercheurs du monde entier à rejoindre la France et l’Europe, face aux menaces pesant sur la recherche aux États-Unis sous Donald Trump. Un rendez-vous est fixé le 5 mai pour concrétiser cette ambition.
Emmanuel Macron a adressé un message aux chercheurs du monde entier, les invitant à « choisir la France et l’Europe » pour poursuivre leurs travaux. Cette déclaration, publiée sur le réseau social X, intervient dans un contexte où la recherche américaine serait fragilisée par les politiques de l’administration Trump, en place depuis janvier 2025. « Ici en France, la recherche est une priorité, l’innovation une culture, la science un horizon sans limite », a affirmé le président, donnant rendez-vous à la communauté scientifique le 5 mai pour une rencontre d’envergure, dont les détails restent à préciser.
Ici en France, la recherche est une priorité, l’innovation une culture, la science un horizon sans limite. Chercheurs, chercheuses du monde entier, choisissez la France, choisissez l’Europe ! Je vous donne rendez-vous le 5 mai.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 18, 2025
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Face à la baisse des financements et aux atteintes aux acquis académiques aux États-Unis, de nombreux chercheurs envisageraient de quitter le pays, autrefois perçu comme un eldorado scientifique. En France, le gouvernement anticipe cette opportunité en lançant la plateforme « Choose France for Science », dévoilée le 17 avril. Cette initiative vise à recenser les projets d’accueil des universités, écoles et organismes de recherche, axés sur des domaines stratégiques comme la santé, le climat, la biodiversité, l’intelligence artificielle ou encore l’espace. Pour soutenir ces projets, l’État s’engage à financer jusqu’à 50 % des coûts via le programme France 2030, en partenariat avec les collectivités territoriales et le secteur privé.
Une annonce qui laisse sceptique
Le niveau de financement de la recherche demeure néanmoins bien plus famélique en France.
En 2022, les dépenses totales de recherche et développement américaines s'élevaient à environ 789 milliards de dollars, soit 3,5 % du PIB pour environ 56 milliards de dollars en France, soit 2,2 % du PIB.
Par ailleurs, dans un marché de l’emploi français marqué par l’érosion du recrutement des cadres, une telle politique pourrait susciter des débats. La recherche française, mise en cause avec la mise en cause de l’académie nationale de médecine pour son rapport au sujet de l’origine du Covid-19 doit également composer avec des polémiques comme l’implication de deux chercheurs du CNRS dans l’attaque contre le consulat de Russie à Marseille par la suite condamné à 8 mois de prison.
Pour renforcer l’attractivité de la France, une proposition de loi, portée par le député et ancien président François Hollande, vise à créer un statut de « réfugié scientifique ». Ce dispositif offrirait un cadre juridique spécifique pour accueillir les chercheurs menacés, notamment ceux qui rejettent l’administration Trump.
« À tous ces scientifiques chassés de leur laboratoire, contraints à l’asile par l’administration Trump, nous devons offrir une lumière d’espoir »
— François Hollande (@fhollande) April 14, 2025
Appel pour la création d’un statut de réfugié scientifique avec Eric Berton, dans @libe https://t.co/gB1YGjKrz0
Certaines institutions françaises ont d’ores et déjà pris les devants. L’université d’Aix-Marseille (AMU), par exemple, a lancé dès mars le programme « Safe Place for Science », doté d’une enveloppe de 600 000 à 800 000 euros par chercheur sur trois ans. Selon son président, Eric Berton, une vingtaine de chercheurs, principalement spécialisés dans les études de genre, l’histoire, l’épidémiologie ou la cancérologie, arriveront dès juin. Ces disciplines sont particulièrement ciblées par les restrictions aux États-Unis. L’arrivée de ces « chercheurs » en France a suscité l’ironie sur les réseaux sociaux. Ainsi l’essayiste Laurent Ozon a-t-il insisté sur le profil des chercheurs qui seraient séduits par le programmes français.
"Scientifiques étasuniens" en France - comme prévu " les candidats sont majoritairement des profils expérimentés, qui travaillent en sciences humaines et sociales", "Ce sont principalement ceux qui s'intéressent au genre, à l'histoire. Souvent, ils sont accusés de réécrire… pic.twitter.com/Leo0ixnRN7
— Laurent Ozon (@LaurentOzon) April 18, 2025
Cet appel d’Emmanuel Macron s’inscrit dans une dynamique plus large de positionnement de la France comme leader scientifique en Europe. En fixant un rendez-vous le 5 mai, le président espère fédérer la communauté scientifique internationale et faire de la France une terre d’accueil pour l’innovation.