Finances publiques françaises: l’heure est «décisive», affirme François Bayrou

Deux jours après l’annonce, par son ministre de l’Économie, d’un effort financier de 40 milliards d’euros à prévoir en 2026, le Premier ministre français a tenu ce 15 avril une conférence de presse sur l’état des finances publiques. Celui-ci a notamment dressé le constat d’une France championne de la dépense publique et qui ne «produit pas assez».
« Seule une prise de conscience de nos concitoyens, seule la confrontation les yeux ouverts avec la vérité de notre situation, peut soutenir une action déterminée », a déclaré ce 15 avril François Bayrou lors d’une conférence de presse, à l’issue d’un « comité d'alerte sur le budget ». « Il est des rendez-vous cruciaux, dans l’agenda politique du gouvernement, il est des heures de vérité décisive et celle-ci en est une » avait-il ainsi entamé son discours d’une quarantaine de minutes.
Plusieurs mois avant la présentation et l’examen au Parlement d’un projet de loi budgétaire qui s’annonce particulièrement périlleux pour son gouvernement, le Premier ministre français s’est livré à un « exercice de pédagogie » - selon les termes de Matignon. Selon le principal intéressé, « les grandes orientations » du budget 2026 devraient être présentées « avant le 14 juillet ».
Une conférence qui survient deux jours après que le ministre de l’Économie Éric Lombard ait déclaré au micro d’une chaîne privée qu’il serait nécessaire d’effectuer un nouvel effort afin que la France retrouve un déficit de 3% en 2029. Un effort qu’il avait alors chiffré à « 40 milliards d’euros ».
La France ne «produit pas assez»
À grand renfort de graphiques, devant un parterre de ministres et de parlementaires, François Bayrou a avancé ce qu’il estime être les causes des malheurs des finances publiques tricolores - et des Français. « Nous n’avons pas assez de ressources, parce que notre pays n’en produit pas assez » a-t-il notamment déclaré, estimant qu’il n’y avait « aucune raison acceptable ».
Autre point sur lequel il a attiré l’attention : le déficit commercial de l’Hexagone. « En l’an 2000 la France avait un solde commercial équilibré et nous avons aujourd’hui un déficit commercial qui s’élève à 100 milliards par an » a-t-il avancé et sur lesquels « 40 nous sont imposés » par les importations d’hydrocarbures.
«Nous ne travaillons pas assez»
« Il est impératif de réduire nos dépendances agricoles, industrielles, intellectuelles, soit en produisant davantage ce que nous achetons, soit en modifiant nos modes de consommation », a-t-il ajouté. Celui-ci a évoqué une « politique de retour de la production et de réindustrialisation » qui doit notamment « devenir une obsession pour notre nation tout entière ».
« Nous ne travaillons pas assez », a-t-il également estimé. « Les jeunes Français travaillent beaucoup moins, le taux d'emploi des jeunes Français est beaucoup plus faible que chez nos voisins européens et le taux d'emploi des seniors est aussi beaucoup plus faible que nos voisins ». François Bayrou a également dressé le constat d’une France qui était devenue « le pays du monde qui dépense le plus d'argent public » ajoutant que les Français « n'en ont pas pour leur argent ».
Augmenter les impôts : un raisonnement «intenable»
Quant au niveau d’endettement du pays ? Qui a dépassé en 2024 les 3 300 milliards d’euros, celui-ci « augmente trop vite », a alerté le chef du gouvernement français, mettant en garde contre l'emballement de la dette qui est « un cercle vicieux, un piège dangereux, potentiellement irréversible ». « Nous ne pourrons pas en supporter durablement la charge » qui pourrait « atteindre 100 milliards d'euros en 2029 contre 67 milliards en 2025 », a-t-il encore déclaré, estimant que « la fatalité du surendettement est inacceptable ».
Face à ces caisses vides, les impôts vont-ils augmenter ? « C’est un raisonnement qui parait simple, mais qui est intenable » a écarté Bayrou « car la France détient déjà le taux de prélèvements obligatoires, d’impôts et de taxes de toutes natures le plus élevé dans le monde ». Quant à l’emprunt ? « C’est ce que nous faisons depuis des décennies », a-t-il souligné, évoquant une « solution de facilité », et d’ajouter que le pays se trouvait aujourd’hui « au bord d’une situation de surendettement ».
Selon François Bayrou, la charge de la dette, à savoir les dépenses dédiées au règlement des seuls intérêts, pourrait « atteindre 100 milliards d'euros en 2029 ».