Détournement de fonds publics : le maire écologiste de Lyon en garde à vue

La garde à vue de Grégory Doucet marque une étape cruciale dans une enquête qui pourrait redéfinir les pratiques de gestion au sein de la mairie de Lyon et avoir des implications plus larges pour la gouvernance locale en France.
Grégory Doucet, maire écologiste de Lyon, a été placé en garde à vue ce 9 avril dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics. Cette mesure fait suite à un signalement de la Chambre régionale des comptes (CRC) concernant la gestion des chargés de mission à la mairie de Lyon entre 2016 et 2024.
L'enquête, ouverte le 7 février 2024 par le parquet de Lyon, a déjà conduit à des perquisitions et auditions à l'Hôtel de Ville le 13 mars 2024. Elle se concentre sur le recrutement présumé irrégulier de 24 chargés de mission, qui auraient exercé des fonctions de collaborateurs de cabinet, dépassant ainsi le plafond légal de 12 collaborateurs autorisés pour une collectivité.
Le rapport de la CRC, rendu public en septembre 2024, a mis en lumière des irrégularités dans la gestion des ressources humaines de la mairie. Il a pointé du doigt le recrutement de collaborateurs politiques au-delà des limites légales, ce qui a conduit à l'ouverture de l'enquête judiciaire. Les magistrats ont souligné que ces collaborateurs effectuaient des missions similaires à celles des membres du cabinet du maire, contournant ainsi les règles en vigueur.
La municipalité de Lyon a réagi en précisant que Grégory Doucet collaborait pleinement avec la justice et continuait d'assumer ses fonctions avec responsabilité. La mairie a également indiqué que le maire était entendu en tant que représentant de la collectivité pour expliquer le fonctionnement de la ville et défendre la légalité des décisions prises.
Grégory Doucet a également porté plainte contre des internautes à la suite de commentaires en lien avec cette affaire.
Implications politiques
Bien qu’à ce stade, l'enquête soit en cours et qu'aucune conclusion définitive n'ait été rendue publique, l'affaire pourrait avoir des répercussions politiques importantes, notamment en période préélectorale.
La mise en garde en vue de Grégory Doucet représente une procédure rare visant un élu de premier plan du parti EELV (Europe Écologie Les Verts), pointe le JDD. Par ailleurs, d'autres élus, dont les prédécesseurs de Grégory Doucet, Georges Képénékian et Gérard Collomb, sont également visés par l'enquête.
La situation met en exergue les défis de gestion des ressources humaines dans les collectivités locales et les risques de dérives financières. « Cette affaire, qui mêle écologistes, socialistes et proches de l’ancien ministre de l’Intérieur, met en lumière un système présumé de contournement des règles de recrutement », écrit le JDD, qualifiant cette affaire de « tempête judiciaire » qui « survient dans un climat politique tendu ».