Football : les supporters de l'AS Saint-Étienne se dressent contre la répression des ultras

À Saint-Étienne, des milliers de supporters ont manifesté ce 30 mars pour soutenir les groupes de supporters ultras Green Angels et Magic Fans, menacés de dissolution par le ministère de l’Intérieur.
Ce 30 mars, la ville de Saint-Étienne s’est parée de vert et de noir pour une cause qui dépasse le simple amour du football. En marge du match contre le Paris Saint-Germain, des centaines de supporters ont envahi les rues, banderoles à la main, pour protester contre la menace de dissolution pesant sur les groupes ultras Green Angels et Magic Fans. Ces deux piliers des tribunes de Geoffroy-Guichard, fondés respectivement en 1992 et 1991, sont dans le viseur du ministère de l’Intérieur, qui leur reproche violences, dégradations et affrontements.
Une manifestation sans incidents
Sous une pluie battante, le cortège, parti du centre-ville pour rejoindre le «Chaudron», a résonné de chants et de slogans. «Le chaudron ne se dissout pas», proclamait une immense banderole, symbole d’une résistance farouche. Pour Tom Dufieu, porte-parole des Green Angels, l’enjeu est clair : «On va se battre jusqu’au bout pour sauver nos associations et indiquer au ministère qu’il fait fausse route.» Il qualifie l’idée d’une dissolution d’«ineptie», arguant que les groupes ultras structurent l’ambiance du stade, loin de l’image de fauteurs de troubles véhiculée par les autorités.
Quelle mobilisation des amoureux des Verts 💚#ASSE#MF91#GA92
— Envertetcontretous (@Site_Evect) March 29, 2025
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Les accusations du ministère – terrains envahis, heurts avec les forces de l’ordre – sont balayées par les supporters et leurs avocats. «On n’a que huit personnes interdites de stade. En Angleterre, c’est des dizaines par club», relève un défenseur des ultras, soulignant une répression disproportionnée. Corentin Cartal, des Magic Fans, enfonce le clou : «Être ultra, c’est donner 100% de son temps et de son énergie à son club, c’est le contraire de chercher la violence.» Une vision partagée par Jean Astier, 68 ans, fidèle du kop : «Ces deux groupes, c’est le poumon de Geoffroy-Guichard ! Ce ne sont pas des hooligans.»
«Sanctionner tout un stade, toute une ville, ce n’est pas la solution»
La mobilisation a pris une ampleur inattendue, réunissant familles, habitués des tribunes et même le président de l’ASSE, Ivan Gazidis, qui a rejoint le cortège. Ce dernier dénonce une mesure «disproportionnée et inefficace» pour lutter contre les violences dans les stades. Une position soutenue par les dix parlementaires de la Loire et le maire Gaël Perdriau, témoignant de l’attachement viscéral de la ville à son club et à ses ultras.
Le 1er mai, les représentants des groupes et la direction de l’ASSE devront s’expliquer devant la Commission nationale consultative de prévention des violences. «Bien qu’ils soient imparfaits, nos groupes sont structurés», insiste Tom Dufieu, vantant 33 ans de dialogue avec le club et les autorités. Pour les supporters, cette menace est une attaque contre l’identité stéphanoise. Marie, 32 ans, venue avec son fils, résume : «Sanctionner tout un stade, toute une ville, ce n’est pas la solution.» Sous les yeux des forces de l’ordre renforcées, la fête s’est voulue familiale, mais le message est ferme : les ultras ne plieront pas.