#LibéRacisme : accusé après une chronique sur une femme voilée, Libération se défend
Le journal dirigé par Laurent Joffrin a publié ce mardi une chronique de Luc Le Vaillant racontant la peur de ce dernier aux côtés d'une femme voilée dans le métro. Libération est depuis accusé de racisme sur les réseaux sociaux.
Une chronique publiée dans Libération le 6 décembre ne laisse pas indifférent. Signée de la plume de Luc Le Vaillant, ce texte a pour ambition de recenser les «craintes réelles et fantasmées» d'un passager de la ligne 4 du métro parisien face à une passagère vêtue d'une «abaya couleur corbeau».
Donc Luc LeVaillant explique dans @libe qu'il a croisé une femme voilée et qu'il a eu peur. Avec du "beurette"inside pic.twitter.com/aN3zP6NoEo
— David Thomson (@_DavidThomson) 7 Décembre 2015
Dans différents passages, l'auteur s'en prend à cette femme avec des termes que les internautes ont jugé racistes ou sexistes. Cette femme est ainsi décrite comme «étant la sœur désolée et désolante des beurettes sonores et tapageuses qui égaient les soirées RATP».
Tiens, encore une sœur de beurettes tapageuses qui ne fêtera pas les 110 ans de la loi de 1905. #LibéRacismepic.twitter.com/8IvHEQ3PHx
— Petula Moore (@PetulaMoore) 8 Décembre 2015
Voulant illustrer les peurs actuelles présumées, Luc Le Vaillant raconte un wagon qui «s’inquiéterait que le sac [de cette femme] soit farci de TNT» ou encore que la «femme voilée est en cheville avec le conducteur salafiste». Dans une conception critiquée sur Twitter de la laïcité, le journaliste de Libé critique aussi une tenue qui, bien que légale, laisse à penser qu'il «y a peu de chances que la demoiselle fête les 110 ans de la loi de 1905 dont elle ferait plutôt des confettis».
Plus largement, Luc Le Vaillant attaque «ces emblèmes sinistres» qui seraient utilisés par la femme du métro pour «balancer un bloc d’abîme fondamentaliste sur l’égalité homme-femme, sur les libertés publiques et sur l’émancipation de l’individu».
De la part d'un journal comme Libération, ancré à gauche, cette chronique a surpris. Et l'article avait suscité plus de 6 000 réactions sur Twitter en début d'après-midi, la plupart dénonçant une «chronique raciste» sous le hashtag #LibéRacisme.
Le hashtag #LibeRacisme est aussi réducteur, critiquable et simpliste que les amalgames qu'il dénonce. Trop de surreaction tue la critique.
— Marwan Mohammed (@marwanormalzup) 8 Décembre 2015
Au sein même du journal, «de très nombreux journalistes ont également fait part ce mardi de leur désapprobation sur un contenu qui ne reflète pas, à leurs yeux, les valeurs du journal et leurs convictions personnelles», a critiqué la Société des journalistes (SDJ) de Libération dans un communiqué. La SDJ précise d'ailleurs qu'une chronique comme celle-ci «engage l’opinion de son auteur et non celle d’autres journalistes».
Bon ben voilà, on sort les rames. Merci Luc. Libé avait bien besoin de ça. Tout le monde avait bien besoin de ça.
https://t.co/cTP1ua2QHl
— LibéDésintox (@LibeDesintox) 8 Décembre 2015
En début d'après-midi, le directeur de la rédaction, Laurent Joffrin, a réagi dans un texte publié sur le site Internet du journal. Il y estime que Luc Le Vaillant «a mis en scène des fantasmes et des inquiétudes qui courent dans la société». «Si des lecteurs ont été blessés par ce texte, nous en sommes désolés», conclut Laurent Joffrin.