Syrie : une «grosse centaine» de djihadistes français auraient participé à la prise de Damas
En France, les médias locaux parlent d'une centaine de djihadistes français qui auraient participé à la prise de Damas par Hayat Tahrir al-Cham et ses alliés. Un chiffre confirmé par le procureur national antiterroriste de France lors d’une interview avec Le Figaro.
Dans une interview avec Le Figaro ce 10 décembre, le procureur national antiterroriste de France, Olivier Christen, a confirmé la participation d’au moins une «grosse centaine» de djihadistes français, issus de Hayat Tahrir al-Cham (HTC) ainsi que de la brigade d’Omar Omsen, à la prise de Damas par l’opposition armée syrienne dans la foulée de la chute de Bachar el-Assad.
«Dans le détail, une cinquantaine appartiendrait en effet à la brigade d’Omar Omsen et une trentaine à la mouvance dirigée par Abou Mohammed al-Joulani. Nous avons dénombré, également présentes à Idleb, une trentaine de femmes évadées des camps ou qui s’y sont réfugiées avec la débâcle de l’État islamique», a notamment déclaré Olivier Christen.
Le procureur antiterroriste français a précisé que, sur les 1 500 djihadistes français recensés depuis les années 2000, on comptait 390 revenants en France, 500 décédés, une centaine affiliée aux groupes qui ont pris Damas, environ 150 détenus ou retenus dans le nord-est syrien et en Irak, mais aussi 300 disparus.
Christen a souligné que le sort des détenus et des disparus «qui parfois réapparaissent», selon ses mots, était une «source d’inquiétude», précisant que 66 femmes étaient actuellement retenues dans le camp de Roj et que 65 hommes étaient détenus dans les prisons de Derik et Hassaké.
«Agenda local»
Le procureur antiterroriste a écarté la possibilité d'une préparation d'actions en France par ces combattants, arguant que ces djihadistes français appartenaient depuis «extrêmement longtemps» à la HTC et qu’ils étaient «totalement absorbés» par la Syrie.
Olivier Christen estime que ces Français donnaient le sentiment d’avoir voulu s’établir définitivement en Syrie. Il a appelé toutefois à la nécessaire de se préparer à «l’ensemble des scenarii possibles», assurant être «dans une phase d’observation active».
De la même manière, le procureur antiterroriste a également écarté le scénario d’un départ massif de djihadistes de France pour la Syrie, expliquant qu’après la prise du pouvoir, le HTC était actuellement concentré sur son «agenda local» qui est celui de la «stabilisation de la situation syrienne».
«Nous sommes face à des combattants syriens qui reprennent le pouvoir sur leur territoire. Il est donc difficile de croire à des départs massifs de France pour la Syrie», a tranché Christen.
Le 27 novembre, l'opposition syrienne armée a lancé une offensive majeure dans les provinces syriennes d'Alep et d'Idleb. Le 8 décembre, les forces armées de l'opposition syrienne ont annoncé la formation d'un gouvernement de transition, et Bachar el-Assad a quitté son poste de président le même jour.