Annonce d’une nouvelle loi immigration, le gouvernement français critiqué par les oppositions et ses alliés
En annonçant le 13 octobre une nouvelle loi sur l’immigration le gouvernement Barnier s’est mis à dos les oppositions de gauche sans pour autant satisfaire sa propre majorité qui se montre perplexe.
«Faire une loi pour une loi, cela n’a pas de sens ; ce qui importe, c’est ce qu’il y a dedans. On a adopté une loi sur l’immigration il y a moins d’un an, avec des mesures dont certaines ne sont même pas encore entrées en vigueur.» Interrogé sur France Inter le 14 octobre, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal s’est montré sceptique quant à l’annonce d’une nouvelle loi sur l’immigration par le gouvernement Barnier. C’est le compte officiel de son parti, Renaissance, qui a repris l’extrait, témoignant des dissensions que peut connaître la majorité au pouvoir composée de centristes et des Républicains.
« Faire une loi pour une loi, cela n’a pas de sens ; ce qui importe, c’est ce qu’il y a dedans.
— Renaissance (@Renaissance) October 14, 2024
On a adopté une loi sur l’immigration il y a moins d’un an, avec des mesures dont certaines ne sont même pas encore entrées en vigueur. » — @GabrielAttalpic.twitter.com/DDuo6nX8On
La veille, le 13 octobre, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, membre également du parti Renaissance, avait affirmé sur BFM TV : «Il faudra une nouvelle loi immigration».
La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, qui avait déjà fait part de désaccords avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a abondé dans le sens de Gabriel Attal en affirmant : «Non, une nouvelle loi immigration ne semble pas prioritaire».
«Gage à l’extrême droite», «acharnement», la gauche vent debout contre un nouveau texte
Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a dénoncé le 14 octobre sur France Inter «un gouvernement avec Bruno Retailleau qui nous refourgue une loi immigration comme gage à l'extrême droite». La même idée revenait dans la bouche de la vice-présidente de l’Assemblée nationale Clémence Guetté qui estimait aussi, sur le réseau social X, que cette annonce constitue un «acharnement» et «un accord avec Le Pen». Pour elle, le Rassemblement national aurait négocié de laisser passer le budget contre un vote sur l’immigration.
La Macronie prépare une nouvelle loi sur l'immigration, 1 an après la dernière.
— Clémence Guetté (@Clemence_Guette) October 14, 2024
Cet acharnement est un accord avec Le Pen.
Le RN aide à faire passer le pire budget austéritaire de notre histoire, en échange d'une loi de plus contre les immigrés. Quelle horreur. pic.twitter.com/Jvr04uAsOS
Du côté du monde associatif, à gauche toujours, l’association «J’accueille» accuse Bruno Retailleau de faire du «Donald Trump» et de regretter «on continue d'associer systématiquement l'immigration à des problèmes».
Le Rassemblement national en veut plus
«Une nouvelle loi immigration pourquoi pas, mais il faut aller beaucoup loin». Le député et porte-parole du RN Sébastien Chenu a estimé sur TF1 qu’il faut aller plus loin évoquant notamment «l’augmentation de l'Aide Médicale d’Etat (AME) de 100 millions d’euros». Le président du parti Jordan Bardella a surenchéri de son côté sur BFM TV réclamant un «référendum sur l’immigration», affirmant que 70% des Français le souhaitent.
Il faut un référendum sur l'immigration pour reprendre le contrôle et protéger les Français : c'est la première mesure que nous mettrons en œuvre si nous arrivons à la tête de l’État. #FaceAFacepic.twitter.com/wFR9HUsRKU
— Jordan Bardella (@J_Bardella) October 14, 2024
Enfin le député Jean-Philippe Tanguy s’en est pris à l’ancien Premier ministre Gabriel Attal qui s’est montré peu enthousiaste sur le texte de loi évoqué par l’exécutif, affirmant sur la chaîne Public Sénat : «Je crois que Monsieur Attal, depuis qu’il est retourné dans l’opposition, est revenu dans ses mauvais démons. Il donne des leçons au monde entier».
En plein débat autour du budget 2025, la présentation d’un projet de loi immigration est évoquée par un conseiller gouvernemental qui s’est confié à France Info, comme pouvant être un «contre-feu» du gouvernement pour occuper les opposition alors que le gouvernement opère des économies.