France : cette difficile recherche de ministres qui se dessine pour Michel Barnier
Le nouveau Premier ministre Michel Barnier a annoncé ce 11 septembre un gouvernement pour « la semaine prochaine ». Certaines personnalités frappent à la porte à droite alors qu'à gauche, d’autres ont déjà répondu par la négative.
«On n’a pas envie d’avoir les idées de M. Retailleau à l’Intérieur.»
Au micro de BFMTV, le député Renaissance Ludovic Mendes a partagé ce 11 septembre son sentiment sur les rumeurs selon lesquelles le président du groupe Les Républicains (LR) Bruno Retailleau pourrait hériter de la Place Beauvau.
L’élu de la Moselle a également rappelé le vote de la loi immigration, dont il a été rapporteur, 59 députés macronistes ayant voté contre ou s'étant abstenus, s'inquiétant de voir dans l’entourage de Michel Barnier des «personnes plutôt proches des sensibilités» du Rassemblement national (RN) «dans les idées».
Assurant ne pas «insulter» les 11 millions d'électeurs ayant voté pour le RN, celui-ci estime que «lorsqu'on combat une ligne d'extrême droite on ne cherche pas à savoir si cette ligne d'extrême droite va nous censurer ou pas». «Si on a un négociateur du Brexit, on a quelqu'un capable de parler à la gauche et à la droite, si on a un représentant des LR, il va parler à sa famille politique», a-t-il encore déclaré, interrogé sur «la ligne» de Michel Barnier.
Quand on a été rapporteur de la dernière loi Immigration, nous ne pouvons pas accepter d’avoir Mr Retailleau comme Ministre de l’Intérieur. https://t.co/dytcnElFpu
— Ludovic MENDES (@ludovicMDS) September 11, 2024
Cette intervention vient illustrer les difficultés que rencontre le Premier ministre Michel Barnier pour constituer un gouvernement sans fâcher les composantes de sa coalition.
Un ministre en visite auprès des forces centristes
Au milieu des commentaires des élus, le nouveau Premier ministre s’attelle à dessiner les contours d’un gouvernement et multiplie les rencontres.
Ce 11 septembre, il devait s'exprimer devant les élus du MoDem de François Bayrou, membres de la majorité centriste sortante. À la mi-journée, il s'est rendu à Reims, aux journées parlementaires d’Horizons, où il a déclaré qu'il y aurait «bien sûr» des membres de cette formation de l’ancien Premier ministre et désormais candidat à la présidentielle de 2027 Édouard Philippe au sein de son gouvernement.
La veille, à Rosny-sur-Seine (Yvelines), le nouveau Premier ministre avait rencontré les élus du groupe Ensemble pour la République, présidé par son prédécesseur à Matignon Gabriel Attal. Il avait tenu à leur préciser qu’il entendait former «un nouveau gouvernement» et pas seulement procéder à un remaniement.
À droite, si le nom de Bruno Retailleau a émergé dans les médias, d’autres circulent et des prétendants se sont même déclarés, à l’instar de la députée LR du Doubs Annie Genevard qui a fait savoir ce 11 septembre, au micro de Sud Radio, qu'elle «accepterait certainement» de devenir ministre de l'Éducation nationale si on le lui proposait.
«Ce serait de la compromission» : un difficile débauchage à gauche
«Pour moi, ce serait de la compromission et je ne m’inscris pas du tout dans la philosophie portée par Michel Barnier et une partie de celles et ceux qui le soutiennent», a quant à lui déclaré, plus tôt dans la matinée, le maire socialiste (PS) de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, sur une chaîne publique. Celui-ci confiait avoir été «contacté», mais avoir «décliné» la proposition d’entrer au gouvernement. Un temps pressenti pour Matignon, son profil plus centriste à gauche était à l’étude pour le nouveau chef de gouvernement.
Mis sous les feux de la rampe médiatique, Karim Bouamrane en a profité pour égratigner ses camarades socialistes qui ont empêché l’arrivée de Bernard Cazeneuve à Matignon. À vouloir «100% de quelque chose, on se retrouve avec 100% de rien», avait-il déclaré le 6 septembre, interrogé sur l'«intransigeance» de la gauche.
«Je ne participerai pas à un gouvernement qui ne respecte pas le vote des Français», a déclaré, également ce 11 septembre et sur le service public, la présidente de la région Occitanie Carole Delga
Je suis constante dans mes positions, constante dans mes affirmations : je ne participerai pas à un gouvernement de droite soutenu par l’extrême-droite. pic.twitter.com/JI9VeHbQGo
— Carole Delga (@CaroleDelga) September 11, 2024
«Quelqu’un qui se dit de gauche et qui va au gouvernement de M. Barnier, c’est qu’il n’était pas de gauche», avait lancé, dans la foulée de la nomination de ce dernier à Matignon, la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier.
Le 9 septembre, c’est l’ancien président François Hollande, tenant d’une ligne plutôt modérée à gauche, qui interrogeait : «Comment voulez-vous que des socialistes ou des femmes ou des hommes de gauche participent à une telle équipe ?»