France : la dernière audition de Le Maire à l’Assemblée vire au règlement de comptes
Sur le point de quitter Bercy, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave ont défendu le 9 septembre leur bilan devant la commission des finances à l’Assemblée nationale. Le ministre démissionnaire de l’Économie et des Finances, qui s’est récemment alarmé d’un nouveau dérapage des comptes publics, a essuyé les critiques des députés d’opposition.
C’est un ministre sur le banc des accusés qui s’est présenté en commission des finances, le 9 septembre à l'Assemblée nationale. Accompagné du ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, Bruno Le Maire a répondu aux questions et aux attaques des oppositions sur l’état des finances publiques françaises.
«Notre modèle social, c'est ce qui risque de faire déraper réellement les comptes publics dans les années à venir», a notamment déclaré Bruno Le Maire, ministre depuis plus de sept ans. Mis en cause par les oppositions, il a tenu a donner des conseils au nouveau gouvernement alors que la situation des finances publiques inquiète tant à l’Assemblée nationale qu'au Sénat.
"Notre modèle social, c'est ce qui risque de faire déraper réellement les comptes publics dans les années à venir", affirme @BrunoLeMaire, avant de mettre en cause les indemnités journalières au titre des arrêts maladie, évoquant certains "abus". #DirectANpic.twitter.com/OhJo7WHnCZ
— LCP (@LCP) September 9, 2024
Le ministre démissionnaire a également distillé des conseils au prochain gouvernement, exigeant de s’attaquer «enfin» aux dépenses publiques et évoquant notamment le «modèle social» français. «Le reste, c’est de la poudre de perlimpinpin», a-t-il remarqué, reprenant une formule d’Emmanuel Macron.
Des déclarations qui n’ont pas manqué d’agacer au sein de la commission, mais aussi au-delà. «Notre modèle social ne "menace" pas nos finances publiques, il protège les Français», a fustigé sur X (ex-Twitter), le sénateur socialiste Alexandre Ouizille. «Ce qui les menace, c’est votre refus dogmatique de taxer l’argent oisif. Mépris social ET mauvaise foi économique», a-t-il poursuivi.
Notre modèle social ne « menace » pas nos finances publiques, il protège les Français. Ce qui les menace c’est votre refus dogmatique de taxer l’argent oisif.
— Alexandre Ouizille (@Aouizille) September 10, 2024
Mépris social ET mauvaise foi économique. https://t.co/1UP5WtO9Cb
Dans la salle, la séance de questions et d’échanges de la commission a rapidement tourné à l’affrontement, Bruno Le Maire devant faire face à de vives critiques de l’ensemble des forces politiques en présence.
«Vous êtes un voleur», tance un député de La France insoumise
Le député de La France insoumise (LFI) Aurélien Le Coq a violemment pris à parti le ministre démissionnaire de l'Économie lors de sa dernière audition à l’Assemblée. «La commission auditionne aujourd’hui un voleur», a-t-il lancé, accusant ensuite le gouvernement d'avoir «volé les élections», en référence au refus d'Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire (NFP). Avant d'enchaîner sur une autre accusation : le gouvernement sortant aurait, selon lui, «volé méthodiquement l'argent des Français pour l'offrir aux plus riches de ce pays».
«Vous avez fait exploser la dette de 900 millions d’euros et vous voulez la faire payer aux Français», a également affirmé le député LFI, accusant Bruno Le Maire de préparer «une nouvelle saignée pour 2025». Le président de la commission des finances, Éric Coquerel (également LFI), a de son côté pointé du doigt les prévisions budgétaires «fantaisistes» du gouvernement.
Bruno Le Maire est un voleur, plutôt deux fois qu'une !
— Aurélien Le Coq (@Aurelien_Le_Coq) September 10, 2024
Ils ont volé les élections et comptent continuer à faire les poches aux français•es pour continuer de gaver les plus riches.
👉 Retrouvez l'intervention sur YouTube : https://t.co/LIzQoVqQ55pic.twitter.com/BtciZfydrq
Les autres oppositions n’ont pas été en reste, le député du Rassemblement national (RN) Jean-Philippe Tanguy dénonçant «l'autosatisfaction» du gouvernement démissionnaire, avant d'évoquer un «désastre budgétaire».
Le rapporteur général du budget Charles de Courson, du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot), a quant à lui mis en doute l'argumentaire de Bruno Le Maire consistant à faire porter la responsabilité du dérapage budgétaire sur l'augmentation des dépenses des collectivités territoriales.
"Dérapage" du déficit 2024 : @C_deCourson fait part de ses doutes quant au rôle des collectivités territoriales. "Ce n'est pas le niveau de la dépense qui importe, c'est le solde", explique-t-il.#Budget#DirectANpic.twitter.com/CfPIRB9Z5i
— LCP (@LCP) September 9, 2024
Une hausse qui, selon Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, constituerait le «principal risque» pour les comptes publics de 2024. Un argumentaire qui avait fortement déplu aux élus locaux.
«C’est un réflexe assez pavlovien pour Bruno Le Maire que de se défausser sur les collectivités», avait notamment raillé, début septembre, le vice-président Les Républicains (LR) du Sénat, Mathieu Darnaud, auprès de Public Sénat.
Toujours au Sénat, le rapporteur LR de la commission des finances, Jean-François Husson, avait dénoncé lors d’une conférence de presse une «trajectoire budgétaire présentée par le gouvernement [qui] était en réalité mensongère».