«Un non-sens dangereux» : l'idée de Macron d'un référendum national sur la Nouvelle-Calédonie irrite jusque chez les loyalistes
En évoquant la possibilité du recours à un référendum national sur la Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron s’est attiré l’hostilité de certains loyalistes alors que ses soutiens tentent d’expliquer ses déclarations.
«Cette perspective est un non-sens.» Philippe Gomès, le président du mouvement Calédonie ensemble, a publié ce 27 mai un communiqué cinglant visant les déclarations présidentielles parues l'avant-veille dans Le Parisien. Selon lui, la proposition d'Emmanuel Macron de recourir à un référendum, impliquant que le peuple français décide du corps électoral calédonien, est «un non-sens par rapport à l’esprit et la lettre de l’accord de Nouméa» de 1998.
Pour l’ancien député, c’est aussi «un non-sens politique», puisque dans un tel exercice les Français ne répondraient pas à la question posée mais s'exprimeraient «"pour" ou "contre" le président de la République». Et Philippe Gomès d’ajouter qu’«en l’état actuel de la cote de popularité présidentielle et du probable résultat cataclysmique de la liste présidentielle aux européennes, on peut s’attendre à un NON massif à la question posée».
L’homme politique, ancien président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie et élu local, conclut son communiqué en conseillant au président «de renforcer les effectifs de gendarmes et de policiers […] et d’y ajouter quelques bataillons militaires».
Une «menace» de Macron pour «prouver sa détermination à faire respecter la démocratie»
Du côté des élus calédoniens de la majorité macroniste, la présidente de l’Assemblée de la Province Sud Sonia Backès a estimé que les propos du président devaient être remis «dans le contexte», à savoir le fait qu'Emmanuel Macron ne disposait plus de la majorité des 3/5e de l'Assemblée et du Sénat réunis en Congrès pour faire passer ce dégel du corps électoral. La raison : la demande de retrait du texte par Marine Le Pen et le RN. Emmanuel Macron a par ailleurs estimé, selon Sonia Backès, que le Congrès de Versailles ne devait pas être la seule solution pour faire passer le projet de loi.
«Personne ne souhaite être pris en otage par des citoyens français qui ne connaissent pas le sujet calédonien», a toutefois concédé l'élue, estimant que la proposition de référendum du président ressemblait surtout à une «menace […] pour prouver sa détermination à faire respecter la démocratie».
Quant au député macroniste de l’archipel Nicolas Metzdorf, il estime que cette menace de référendum devrait pousser ceux qui y sont opposés à «revenir à la table des négociations rapidement et sans poser de nouvelles conditions».
Ce 27 mai, la situation demeurait tendue en Nouvelle-Calédonie alors que le Haut-commissariat a déclaré l’arrivée prochaine de 480 gendarmes mobiles supplémentaires. Le total des policiers et gendarmes blessés s’élève désormais à 122, pour 460 personnes interpellées. L'institution confirme par ailleurs que l’état d’urgence prendra fin le 28 mai à 5h en Nouvelle-Calédonie, c’est-à-dire ce 27 mai à 20h en métropole.
Depuis le 13 mai, des émeutes font rage en Nouvelle-Calédonie, dans la foulée de l’adoption par l’Assemblée nationale d’une réforme du corps électoral local pour les scrutins provinciaux. Les partisans de l'indépendance jugent que l’élargissement de celui-ci au bénéfice des nouveaux arrivants mettra en minorité le peuple autochtone kanak, qui représente plus de 41% de la population.