Délégation russe invitée aux commémorations du 6 juin : Washington désapprouve Paris
La décision de Paris d’inviter une délégation russe au 80e anniversaire du débarquement de Normandie a provoqué selon Politico des « tensions » entre les pays alliés. La Maison Blanche n'est «pas satisfaite», ont confié des sources au sein de l'administration américaine.
«Paris a pris les pays occidentaux au dépourvu», relatait Politico le 17 mai dernier. Le mois dernier, l'organisme Mission Libération chargé d’organiser les célébrations du 80e anniversaire du débarquement de Normandie, annonçait qu’une délégation russe serait invitée.
«Des responsables du Royaume-Uni, des États-Unis et de deux autres alliés de la Seconde Guerre mondiale ont exprimé leurs inquiétudes face à cette décision», a rapporté le média américain, ajoutant que la Maison Blanche n’était «pas satisfaite», citant deux membres de l’administration.
À ceux-là s’ajoute un responsable britannique qui a qualifié de «troublantes» les actions de la France, qui a accueilli le président Xi Jinping au début du mois de mai et envoyé un représentant à l’investiture du Président russe.
Vladimir Poutine n’a pas été invité aux célébrations de Normandie cette année. Il était présent il y a dix ans, en 2014, mais n'avait pas été invité non plus en 2019. Une absence qui avait déjà suscité des incompréhensions.
Cette invitation de la délégation russe avait été ébruitée dès le mois d’avril par Europe 1. «En dépit de la situation géopolitique, difficile en effet de se passer totalement de la présence de la Russie, bien que l’URSS n’ait pas directement participé au débarquement du 6 juin», notait alors la radio, semblant retranscrire des propos de sa source. Et d’ajouter : «Elle l’a rendu possible en payant le plus lourd tribut lors la Seconde Guerre mondiale. Près de 27 millions de Soviétiques sont morts pour combattre l’Allemagne.»
Une ouverture entre Paris et Moscou en dépit de vives tensions ?
L'invitation s’inscrit paradoxalement dans un contexte d’exacerbation des tensions entre la France et la Russie, cette dernière dénonçant l'implication croissante de Paris en Ukraine depuis l’annonce mi-janvier de la livraison aux forces de Kiev de missiles de croisière Scalp supplémentaires.
Le refus d’Emmanuel Macron au nom d’une « ambiguïté stratégique » d’exclure un envoi de troupes occidentales en Ukraine, plusieurs fois répété depuis le 26 février, n’a rien arrangé. Surtout si Kiev devait en faire la demande à Paris, une condition qu'a requise le président français le 2 mai dernier dans The Economist.
Les militaires français deviendront «inévitablement des cibles» pour l'armée russe s'ils devaient se trouver en Ukraine, a fait de son côté savoir Moscou.