France : face à la «dérive budgétaire» du gouvernement, la droite persiste dans ses menaces de motion de censure
Quelques jours après Éric Ciotti, François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes, a brandi ce 4 avril la menace d’une motion de censure. Les oppositions saisiront-elles cette «chance historique de faire tomber le gouvernement» ?
«On a cette arme entre nos mains !»
Face à la «dérive budgétaire», la tête de liste des Républicains (LR) aux élections européennes François-Xavier Bellamy estime que la droite peut recourir à une motion de censure. Présent sur le plateau de BFMTV ce 4 avril l’eurodéputé a mis en garde : «La réalité est que nous sommes inquiets de voir ce gouvernement qui cherche à se défausser de sa dérive budgétaire en allant chercher encore plus de moyens dans la poche des Français.» L’élu de droite semble ainsi tracer une ligne rouge en réclamant de «protéger les Français de toute nouvelle hausse de taxes et d'impôts».
La gauche suivra-t-elle ?
Les paroles de François-Xavier Bellamy font écho à celles de plusieurs cadres LR, à commencer par le président du parti Éric Ciotti qui avait envisagé le 26 mars sur BFMTV le dépôt d’une motion de censure comme une «hypothèse […] sur la table».
Le maire de Cannes David Lisnard n’a de son côté pas désavoué le député des Alpes-Maritimes et a estimé le 3 avril sur LCI que ce dernier était «quelqu'un de réfléchi». «S'il l'a dit, c'est qu'il est prêt à appuyer sur la détente sinon on ne brandit pas une arme», a-t-il remarqué. L’opportunité de déposer ou non une motion a même été discutée le 2 avril par les membres du groupe LR à l’Assemblée nationale.
Le rejet du gouvernement sur la question budgétaire par la droite LR s’ajoute à d’autres critiques des oppositions. Le journal L’Humanité s’est ainsi inquiété ce 4 avril d’un «déni démocratique» et du «contournement du Parlement», revenant sur les raisons qui poussent de plus en plus de députés à envisager une motion de censure.
Les députés se rebiffent.
— L'Humanité (@humanite_fr) April 4, 2024
« Déni démocratique », « contournement du parlement » : pourquoi de plus en plus d’élus se disent prêts à voter une motion de censure contre Gabriel Attal ?
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«Une chance historique de faire tomber le gouvernement»
À droite, l’eurodéputé Gilbert Collard estime lui que la droite LR a «une chance historique de faire tomber le gouvernement». L’élu du Rassemblement national (RN) Jean-Philippe Tanguy affirmait, lui, le 30 mars sur la télévision publique que les députés de son parti voteraient une telle motion de censure. Sa collègue Laure Lavalette avait cependant précisé sur le réseau social X (ex-Twitter) que «seulement trois députés LR avaient voté la motion de censure du RN en mars 2023».
Le président des Patriotes Florian Philippot s'est montré lui plus sceptique, estimant sur le réseau social X : «Ça sent la campagne des européennes bien sûr, mais disons leur chiche !» Et d’ajouter : «On ne fait évidemment pas confiance à la bande de traîtres qui composent "l’opposition" parlementaire pour faire quoi que ce soit par conviction, mais alors comptons sur leur opportunisme politicien pour au final faire les choses.»
Seulement 3 députés LR avaient voté la motion de censure du RN en mars 2023.
— Laure Lavalette (@LaureLavalette) March 30, 2024
Budgets insincères et adoptés de force : tous les députés RN voteront une motion de censure déposée par les LR, si ces derniers ont enfin le courage de le faire… https://t.co/9nVNbDy0zQ
Le scepticisme des oppositions quant à la mise à exécution de la menace du dépôt d’une motion de censure par LR semble également se nourrir d’un «sondage secret» révélé par L’Obs le 26 mars selon lequel le Rassemblement national serait donné grand gagnant en cas de nouvelles élections législatives au détriment de la majorité présidentielle mais aussi des partis de gauche et des Républicains. Reste que le président n’est pas contraint de dissoudre l’Assemblée en cas de motion de censure et pourrait plus simplement changer de Premier ministre.