Voyage d'Hidalgo en Polynésie : une association anticorruption porte plainte
Une association a porté plainte contre X pour détournement de fonds publics, suite au déplacement d’une délégation parisienne dans le Pacifique. Un périple qui a soulevé une polémique en France, où la maire de la capitale est accusée par ses opposants d’avoir effectué un «déplacement personnel».
L'affaire dite du «Tahiti Gate», ainsi nommée par les détracteurs de la maire de Paris Anne Hidalgo, n'en finit plus de faire des vagues dans la capitale française. L’association AC !! Anticorruption a annoncé à l'AFP avoir déposé plainte le 14 novembre auprès du parquet de Paris. Une plainte, contre X, pour détournement de fonds publics, précise l'agence de presse.
Dans sa plainte, le collectif s’interroge sur le «but affiché» du voyage d’Anne Hidalgo et de sa délégation. Officiellement, ce déplacement visait à vérifier les installations de surf dans le cadre des prochains Jeux olympiques d'été, les épreuves de cette discipline devant avoir lieu à Tahiti du 26 juillet au 11 août 2024. Or, l’édile parisienne en «a profité pour rendre visite à sa fille, qui vit sur une île proche de Tahiti», souligne l'association.
Le silence radio de la mairie intrigue les plaignants
«Soit le voyage était officiel, et donc devait être pris en charge par la ville, soit il était privé et devait l'être à titre personnel», souligne la plainte, citée par l’AFP. Le document évoque également le fait que la maire de Paris n’a «pas communiqué» sur ses rendez-vous dans les archipels.
Ce n’est qu’une fois son absence révélée par Le Canard enchaîné que l’entourage d’Anne Hidalgo a relaté que la délégation parisienne avait rencontré des autorités locales, dont les maires de Nouméa et de Papeete ou encore le président polynésien. Anne Hidalgo a également assisté à une cérémonie d’hommage au cimetière des Communards sur l’île des Pins.
En revanche, l’édile a renoncé à la fameuse visite du site des épreuves de surf, laissant cette tâche à son adjoint aux sports Pierre Rabadan. Une révélation, du Parisien, qui avait relancé la polémique autour de ce déplacement finalement chiffré à près de 60 000 euros par la mairie de Paris, qui assure qu’Anne Hidalgo a payé de sa poche son billet retour.
Dans un entretien accordé au quotidien, publié le lendemain, Pierre Rabadan avait expliqué qu’Anne Hidalgo était partie rejoindre sa fille, installée sur l’île de Raiatea, et qu’il aurait fallu «qu’elle change son billet» pour assister à la visite du site. Une version qui contredit celle de la mairie de Paris, laquelle assurait que l’absence de la maire avait été décidée «d’un commun accord avec les autorités locales», pour éviter que sa présence «ne suscite des tensions locales».
«Mais comment peut-on être aussi nul en communication ?»
Prévu la veille de l’envolée de l’élue, le rendez-vous initial avait été décalé en raison du «climat de tension» suscité par l’installation dans le lagon d’une nouvelle tour de juges en aluminium.
Quant à l’absence de communication sur un tel voyage ? «On ne voulait rien cacher», avait assuré Pierre Rabadan. «On voulait éviter les polémiques entretenues notamment par la droite parisienne», avait-il ajouté concernant ce périple qui «aurait pu apparaître comme décalé au regard du contexte international et national dramatique».
Seule communication effectuée, la publication d’une vidéo le 19 octobre, où l’on peut voir Anne Hidalgo faire du vélo dans la capitale. Date à laquelle l’édile parisienne se trouvait en Nouvelle-Calédonie. «Mais comment peut-on être aussi nul en communication ?» aurait déclaré une cadre de l’hôtel de ville, cité par Le Figaro.
Face aux attaques, Hidalgo brandit ses voyages à Auschwitz
De retour dans la capitale depuis le 5 novembre, Anne Hidalgo a dû faire face le 14 novembre à un premier Conseil de Paris mouvementé face à une opposition qui l’accuse d’avoir effectué un «déplacement personnel».
Face aux critiques de l’opposition, emmenée par Rachida Dati, qui n’a pas manqué de railler le bilan carbone de ses déplacements, l’édile s’est défendue en mettant notamment en avant ses voyages officiels annuels à Auschwitz. «Vous avez oublié de démarrer par le voyage par lequel je commence toujours en janvier, toujours, Auschwitz», a déclaré la maire, reprochant à sa principale opposante de «n’être jamais venue».
La commission de déontologie de la ville de Paris, saisie par la mairie, a dédouané Anne Hidalgo mais les décisions de cette instance n’ont pas de valeur judiciaire. Ce sera au parquet de Paris de déterminer s’il y a lieu d’ouvrir des investigations et de porter l’affaire devant les tribunaux.