Corse : une dizaine d'explosions visent des habitations, en plein débat sur l'autonomie de l'île
La Corse a été l’objet d’une vague d’attentats dans la nuit du 8 au 9 octobre. Des attaques qui interviennent dix jours seulement après qu’Emmanuel Macron se soit prononcé en faveur de l’autonomie de l’île de Beauté.
Une dizaine de résidences secondaires et un ancien centre des impôts désaffecté ont été touchés par des explosions dans plusieurs agglomérations de Corse-du-Sud autour d’Ajaccio dans la nuit du 8 au 9 octobre, parmi lesquelles les villages de Vico et Tavaco et les petites villes d’Alata et Bastelicaccia.
Selon le média insulaire Corse-Matin, des tags auraient été trouvés sur les lieux de plusieurs explosions dans la commune de Lecci, dans le sud de l’île. Ces dernières explosions n’auraient cependant pas eu cours dans la soirée du 8 octobre mais tôt ce 9 octobre.
Des déflagrations qui ont aussi touché quelques communes proches de Bastia au nord de l’île de Beauté. La majorité des détonations auraient eu lieu en l’espace d’une demi-heure et auraient, selon les informations du Monde, touché 16 localités Corse.
«Certains [attentats] ont été revendiqués par le FLNC», le Front de libération nationale corse, a indiqué le procureur de la République d'Ajaccio, Nicolas Septe, dans un communiqué cité par l'AFP.
Une «nuit bleue»
Le même Nicolas Septe a indiqué au journal Le Monde l’ouverture d’enquêtes pour «destruction par moyens dangereux et transports d’explosifs» et a fait savoir que le parquet national antiterroriste devait être «saisi dans la nuit».
Le procureur parle d’une «nuit bleue» qui serait en lien avec la mouvance indépendantiste clandestine corse – une expression pour décrire une série d’attentats au cours d’une même nuit. Elle puise ses racines dans la guerre d’Algérie et une série d’attaques de l’OAS dans la nuit du 16 août 1961.
La dernière «nuit bleue» de ce genre remonte à la nuit du 9 au 10 mars 2019, avec sept habitations endommagées au total.
Dix jours après le discours présidentiel
Les annonces d’Emmanuel Macron le 28 septembre avaient suscité l’intérêt des autonomistes majoritaires à l’Assemblée de Corse. Venu proposer «une forme d’autonomie» et l’intégration de la Corse dans la Constitution française, le président avait été salué par les partis corses, à l’exception des indépendantistes de Corsica Libera. Cette formation, qui ne dispose plus que d’un élu dans l’hémicycle insulaire, revendique en effet la reconnaissance de l’existence d’un «peuple corse» et celle du corse comme langue co-officielle avec le français.
Populu Corsu ❌️
— uRibombu.corsica (@uribombu) September 28, 2023
Statutu di residente ❌️
Cuufficialità
Cursisazione di l'impieghi
Putere legislativu ❌️
autoNÒmia pic.twitter.com/k7g0eL2a1x
Ce 9 octobre en fin de matinée, les députés de la Corse à l’Assemblée nationale et le président de l’Assemblée de Corse n’avaient pas réagi à ces attentats.
Depuis 2021, le parquet national antiterroriste a été saisi de 75 dossiers d’attentats visant des résidences secondaires. Le FLNC, qui avait mis ses activités armées à l’arrêt en 2014, a repris du service en 2021. Une nouvelle organisation fait également parler d’elle depuis mars 2022 et l’agression mortelle, en prison, du détenu corse condamné pour l’assassinat du préfet Erignac Yvan Colonna : le Ghjuventu Clandestina Corsa (GCC).