Marche pour Adama Traoré : la manifestation a lieu, en dépit de l'interdiction de la préfecture
- Avec AFP
La préfecture du Val-d'Oise avait interdit une première manifestation le 7 juillet. La préfecture de Paris en a fait de même, estimant que le délai n'était pas suffisant «pour mobiliser les effectifs nécessaires» pour assurer l'ordre public.
Au moins 2 000 personnes se sont rassemblées le 8 juillet à Paris «contre les violences policières» malgré une interdiction des autorités, et d'autres se sont mobilisées ailleurs en France pour exprimer leur «colère» après la mort d'un adolescent lors d'un contrôle de police et plusieurs nuits d'émeutes.
«On marche pour la jeunesse, pour dénoncer les violences policières. On veut cacher nos morts. La France ne peut pas donner des leçons de morale. Sa police est raciste, sa police est violente», a affirmé Assa Traoré, militante contre les violences policières et sœur d'Adama Traoré.
Assa Traoré, a déclaré dans une vidéo publiée sur Twitter qu'elle serait présente «samedi à 15h place de la République» à Paris pour crier «au monde entier que nos morts ont le droit d'exister, même dans la mort».
Dans le même message vidéo, celle-ci confirme qu'«il n'y aura pas de marche demain (samedi 8 juillet) à Beaumont-sur-Oise», là où elle était prévue. «Le gouvernement a décidé de mettre de l'huile sur le feu» et «de ne pas respecter la mort de mon petit frère», accuse-t-elle.
La préfecture de police avait publié le 8 juillet au matin un arrêté pour interdire «un rassemblement non déclaré présentant des risques de troubles à l’ordre public».
L'annonce d'Assa Traoré a néanmoins été rapidement relayée par des militants de gauche et des députés de La France insoumise.
🔴 EN DIRECT - #Société : Bien évidemment, la situation dégénère place de la République au rassemblement interdit à la mémoire d'Adama #Traoré. #AdamaTraoré#Assa#AssaTraoré#ViolencesUrbaines#Républiquepic.twitter.com/D9dtG6AZF2
— FranceNews24 (@FranceNews24) July 8, 2023
Avant cela, la justice française avait interdit le 6 juillet au soir la marche prévue en mémoire d'Adama Traoré, décédé lors d'une arrestation en 2016, invoquant les émeutes ayant suivi la mort du jeune Nahel, et alors que d'autres rassemblements citoyens sont annoncés en France. «Bien que les violences aient diminué ces derniers jours, leur caractère extrêmement récent ne permet de présumer que tout risque de trouble à l'ordre public ait disparu», a indiqué le tribunal dans un communiqué.
Convergences des luttes pour Nahel et Adama
Les forces de l'ordre évacuent le rassemblement pour #AdamaTraore sur la Place de la #Républiquepic.twitter.com/UsPMe2EZrQ
— QG le média libre (@LibreQg) July 8, 2023
Le préfet du Val-d'Oise avait annoncé le 6 juillet au soir l'interdiction de cette manifestation annuelle. Dans la foulée, le comité Adama, emmené par Assa Traoré, avait déposé un référé-liberté, une procédure d'urgence pour faire annuler la décision. Venu en personne défendre sa mesure devant la justice, le préfet du Val-d'Oise a affirmé ne pas disposer de suffisamment d'effectifs pour assurer la sécurité de l'événement. «Les forces de l'ordre sont épuisées», a-t-il dit à la barre.
Ici, le journaliste @ClementLanot et un autre confrère photographe sont font violemment molestés par la Brav-M. #AdamaTraore#Republiquepic.twitter.com/sjhR2v52wX
— Pierre Tremblay (@tremblay_p) July 8, 2023
Le 19 juillet 2016, Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans, est mort dans la cour de la caserne de Persan, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, peu après son arrestation par des gendarmes au terme d'une course-poursuite. Le collectif «Vérité pour Adama» rassemble chaque année des centaines de personnes à l'occasion d'une marche pour réclamer la mise en examen des gendarmes en cause et dénoncer plus largement les violences policières.