Retraites : ne pas tenir compte des manifestations «serait une faute», prévient la CFDT
- Avec AFP
Négliger les «mobilisations d'ampleur» contre la réforme des retraites «serait une faute» pour le gouvernement comme pour le Parlement, met en garde le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dans un entretien au Monde.
Le 28 janvier, à trois jours d'une nouvelle journée de manifestations partout en France contre la réforme des retraites et le report de l'âge légal à 64 ans, Laurent Berger leader du premier syndicat français, la CFDT, met en garde le gouvernement dans un entretien au Monde : «La population est très défavorable au projet, et cet avis tend à prendre de l'ampleur.»
Après les «mobilisations d'ampleur» du 19 janvier (1,12 million de participants selon la police, plus de 2 millions d'après les organisateurs), avec notamment «des gros cortèges dans des villes moyennes», le patron de la CFDT souligne que «l'opinion constitue un élément du rapport de force».
«Il faut que le gouvernement l'écoute, que le Parlement se préoccupe de ce qui se passe partout», ajoute-t-il, alors que le projet de loi sera examiné à l'Assemblée à partir du 30 janvier.
Ne pas tenir compte de ce contexte «serait une faute», prévient Laurent Berger, inquiet des conséquences «si le texte passait tel quel, sans aucune inflexion», au risque de générer du «ressentiment» et de favoriser la droite radicale, selon lui. «On n'a pas besoin de chaos démocratique», insiste-t-il.
Soucieux de «garder l'opinion» de son côté, il n'appuie pas la stratégie de blocage préconisée par d'autres organisations, jugeant que «le niveau d'efficacité syndicale ne se mesure pas au niveau d'emmerdements concrets pour les citoyens».
Pas non plus favorable à une multiplication des journées d'action, car «de nombreux travailleurs ne peuvent pas tenir sur un rythme aussi intense», il estime qu'il «faut encore une ou deux démonstrations de force» pour que l'exécutif «prenne conscience du puissant rejet que son texte suscite».