Manifestations : pour Lallement, l'usage du feu par les forces de l'ordre «risque d’arriver un jour»
L'ex-préfet de Paris estime que la classe moyenne est entrée «dans la violence politique et la révolte». Selon lui, le jour où la police «devra ouvrir le feu, on entrera dans une autre dimension». «Cela risque d’arriver un jour», craint-il.
L'ex-préfet de police de Paris Didier Lallement – qui avait déclaré par le passé ne «pas être dans le même camp» que les Gilets jaunes – a estimé possible que les forces de l'ordre soient amenées «ouvrir le feu» sur les manifestants à l'avenir, dans une interview accordée à L'Opinion et publiée ce 6 novembre.
«Le jour où on devra ouvrir le feu, on entrera dans une autre dimension. Cela risque d’arriver un jour», a-t-il ainsi affirmé, jugeant qu'avec les Gilets jaunes, une partie de la classe moyenne était entrée «dans la violence politique et la révolte».
«On a frôlé l'ouverture du feu»
«Il n’y a pas eu de morts à Paris pendant la crise», résume-t-il. Pourtant, «on a frôlé l’ouverture du feu», rapporte-t-il avant d'avancer que cela «ne s'est pas produit» et ce, «grâce au courage des fonctionnaires de police». «La caractéristique des Gilets jaunes, c’est qu’ils attaquaient là où les forces de l’ordre étaient moins nombreuses», poursuit-il : «imaginez le sang-froid qu’il a fallu aux deux policiers qui étaient réfugiés dans une laverie où un groupe armé de piques essayait de pénétrer en cassant les vitrines !»
Didier Lallement n'a pas évoqué dans cet entretien l'usage d'armes sublétales, comme les Lanceurs de balles de défense (LBD). Pour l'ex-préfet de police, qui répondait à sa controversée application du maintien de l'ordre, la cohésion du pays étant en cause, il est nécessaire de «tenir sur l’ordre et l’autorité».
Désormais, ce sont les mouvements écologistes radicaux qui semblent inquiéter le haut fonctionnaire : la violence «se retrouve aujourd’hui avec le radicalisme écologique qu'on a vu s'exprimer à Sainte-Soline, et des mouvements comme Extinction rebellion justifient cette voie au nom de la désobéissance».
Le préfet visé par deux informations judiciaires
Dans le collimateur de la justice pour sa gestion du mouvement des Gilets jaunes à Paris, Didier Lallement a été visé par deux informations judiciaires distinctes : l'une après une plainte du Gilet jaune Maxime Nicolle, dénonçant sa «détention arbitraire» en marge du défilé du 14 juillet 2019, l'autre après une plainte de Priscillia Ludosky et Faouzi Lellouche, qui l'accusent de les avoir mis en danger en les «nassant» et en les empêchant de manifester à Paris en novembre 2019.
Didier Lallement avait quitté ses fonctions de préfet dans un climat polémique autour de la gestion de la sécurité lors de la finale de la Ligue des champions au Stade de France fin mai. Nommé secrétaire général de la Mer par le Conseil des ministres sur proposition d'Elisabeth Borne en septembre, l'ex-préfet avait par ailleurs été promu au rang de commandeur de la Légion d'honneur le 14 juillet 2021.