Projet d'attentat d'ultra-droite : un risque d'«aboutir à un climat de guerre civile» ?
Pierre Berthelot, chercheur à l'Institut prospective et sécurité en Europe, rappelle que le terrorisme nationaliste n'est pas nouveau en France. Mais cibler des musulmans pourrait selon lui mener à des ripostes et à une escalade dans la violence.
Pierre Berthelot, chercheur à l'Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE) est revenu sur le plateau de RT France sur l'arrestation d'une dizaine de personnes présentées comme étant liées à l'«ultradroite» et soupçonnées d'avoir planifié des attaques contre des musulmans.
La nouveauté c'est qu'aujourd'hui, les groupuscules semblent cibler des personnes musulmanes
«[Le terrorisme nationaliste] n'a jamais complètement disparu du paysage politique français», estime le spécialiste, tout en précisant que le phénomène a été occulté par le «terrorisme islamiste».
«Il y a eu des groupuscules qui ont été démantelés dans les années 1990 [...] il y a eu Maxime Brunerie qui a tenté d'assassiner Jacques Chirac [le 14 juillet 2002]», rappelle Pierre Berthelot. «Ce n'est pas nouveau. La nouveauté c'est qu'aujourd'hui, [les groupuscules] semblent cibler des personnes musulmanes», souligne-t-il, ajoutant : «Le vrai danger, finalement, c'est de créer une riposte d'extrémistes de l'autre camp et d'aboutir à un climat de guerre civile.»
«Les conditions étaient moins réunies il y a 10, 20 ou 30 ans parce qu'on percevait dans l'opinion française – à tort ou à raison – moins l'idée d'une menace islamiste radicale», analyse-t-il encore, relevant que dans les dernières années, le terrorisme «low cost» islamique faisait peser une menace permanente depuis les attentats de 2015.
10 individus «liés à l'ultradroite radicale» ont été arrêtés dans la nuit du 23 au 24 juin par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour un projet d'attaque contre des musulmans, selon des sources judiciaires citées par l'AFP. Les interpellations ont eu lieu dans plusieurs endroits du territoire national, et notamment en Corse, en Gironde, en Charente et dans la Vienne.
D'après la même source, les suspects projetaient un «passage à l'acte violent aux contours mal définis à ce stade, ciblant des personnes de confession musulmane». Selon une autre source citée par l'agence de presse, la cellule visait «des cibles présumées en lien avec l'islam radical». Parmi les personnes interpellées figurerait un retraité de la police nationale.
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