Pétrole : Joe Biden prévoit une visite controversée à Riyad pour tenter de faire baisser les cours

Mohamed ben Salmane (MBS)© Bandar Aljaloud/Saudi Royal Palace Source: AP
Joe Biden prévoit de rencontrer à Riyad le prince Mohamed ben Salmane, posant sur cette photo lors du sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à Riyad, le mardi 14 décembre 2021 (illustration).
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Jusque dans le camp démocrate, le projet de visite du président américain en Arabie saoudite est déploré. Il n’aurait aucun des effets attendus sur les cours du pétrole responsables de l’inflation, à quelques mois des élections de mi-mandat.

«Ce voyage en Israël et en Arabie saoudite – lorsqu'il aura lieu – interviendra dans le contexte d'importants objectifs pour le peuple américain dans la région du Moyen-Orient», s’est défendue, devant les journalistes, la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, le 8 juin, d’après l’AFP.

Depuis les révélations, en fin de semaine précédente, par les médias américains, dont les influents New York Times et Washington Post, sur un projet de visite, d’ici fin juin, du président Joe Biden au Royaume saoudien, l’administration présidentielle des Etats-Unis est sur la défensive.

D’autant plus que la presse prête au président le dessein de rencontrer le prince Mohammed ben Salmane, accusé par les services secrets des Etats-Unis dans un rapport public d’avoir approuvé l’assassinat du journaliste saoudien, correspondant du Washington Post Jamal Khashoggi.

Ce rapport avait été remis à Joe Biden peu après son élection, et il s’était alors publiquement engagé à traiter le royaume comme un «paria». Mais, le ton a changé et le 8 juin Karine Jean-Pierre a également déclaré à la presse : «Si [Joe Biden] décide que c'est dans l'intérêt des Etats-Unis de nouer contact avec un dirigeant étranger et que ce contact peut apporter des résultats, alors il le fera.» Elle a aussi souligné que la monarchie pétrolière avait été un «partenaire stratégique pendant près de 80 ans» et estimé «indubitable» que d'importants intérêts des Etats-Unis soient «liés à l'Arabie saoudite».

La presse n’est pas seule à s’interroger sur la pertinence de cette visite. Adam Schiff, le président du comité du renseignement de la Chambre, pourtant représentant démocrate, a par exemple déclaré à CBS le week-end du 4 juin que s'il était Biden, il n'irait pas en Arabie saoudite, martelant : «Je ne lui serrerais pas la main. C'est quelqu'un qui a massacré un résident américain, l'a découpé en morceaux et de la manière la plus terrible et la plus préméditée.» 

Aucun moyen de justifier un voyage comme celui-ci, s'il s'agit d'une tentative pour amener l'Arabie saoudite à mettre plus de pétrole sur le marché et à faire baisser les prix de l'essence ?

Dans les explications de la Maison Blanche, il est surtout question de diplomatie et d’amélioration des relations israélo-arabes, mais la question des cours du pétrole est dans tous les esprit. Ainsi, la journaliste de CBS Margaret Brennan a immédiatement demandé au président du comité du renseignement de la Chambre des représentants s’il n’y avait «donc aucun moyen de justifier un voyage comme celui-ci, s'il s'agit d'une tentative pour amener l'Arabie saoudite à mettre plus de pétrole sur le marché et à faire baisser les prix de l'essence ?»

Forte inflation à quelques mois des midterms

En effet, pour les médias américains comme pour la classe politique, ce voyage a avant tout pour but d’obtenir de la monarchie pétrolière qu’elle augmente sa production afin de faire baisser les cours mondiaux du pétrole. Ces derniers ont entraîné le baril de WTI, brut de référence aux Etats-Unis, au-delà de 120$.

Or cette hausse des prix entraîne une inflation généralisée, source de fort mécontentement à quelques mois des élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Andrea Prasow, présidente de l'ONG Freedom Initiative, s'est indignée auprès de l’AFP que Joe Biden fasse le pari que «les Américains seront aveuglés par une baisse des prix de l'essence et ne remarqueront pas qu'il se rapproche d'autocrates et de dictateurs».

Bruce Jentleson, professeur à l'université Duke, également cité par l’agence de presse française, estime que ce voyage est aussi une erreur stratégique. «Ce qui m'inquiète, c'est que cela donne l'impression que nous nous couchons [devant Ryad]». Surtout que les résultats ne sont pas garantis pour la plupart des analystes du marché pétrolier. «Je ne crois pas qu'une augmentation de la production pétrolière saoudienne aurait un effet important sur le prix de l'essence. C'est donc contre-productif, à la fois en termes de démocratie et en termes de rapport de forces », ajoute Bruce Jentleson.

Doute sur les capacités de l'OPEP

Le 2 juin, Joe Biden avait jugé «positif », l’annonce de l’OPEP + qui comprend la Russie, d’augmenter en juillet sa production globale de 648 000 barils par jour.

Mais la plupart des analystes du marché ne croient ni à une baisse des cours prochaine ni même à la capacité de l’OPEP a atteindre son objectif de hausse. Citée par The Financial Times le 8 juin, la société de conseil financier sur le marché de l’énergie Rapidan Energy Group prédisait que l’OPEP et ses partenaires atteindraient au mieux une hausse de 355 000 barils par jour.

Quant au spécialiste des marchés pétroliers de la banque Goldman Sachs, Damien Courvalin, interviewé par le réseau télévisé CNBC, il avait dès le 3 juin douté d’une baisse des cours, estimant que les Etats-Unis qui ont des réserves historiquement basses étaient sur le point de s’exposer au risque de pénuries.

Lors de son intervention sur CNBC, les cours du pétrole brut étaient montrés à l’écran et le baril Brent pour livraison en aout cotait près de 117 dollars. Six jours plus tard le même contrat approche des 124 dollars.

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