En 2020, la pandémie a fait exploser le déficit de la sécu, estimé à 44,4 milliards d’euros
La baisse de recettes de cotisations et l’explosion des dépenses de santé ont provoqué un déficit record de la Sécurité sociale en 2020. L’an prochain, une nouvelle branche chargée de financer la dépendance verra par ailleurs le jour.
En présentant le budget de la Sécurité sociale pour 2021, ce 29 septembre, depuis le ministère de l’Economie et des Finances, Olivier Véran, ministre de la Santé, a annoncé pour cette année un déficit record de «plus de 40 milliards d’euros», et plus précisément 44,4 milliards d'euros, selon le dossier de presse du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2021.
La forte hausse du chômage et le recours massif à l'activité partielle ont fortement réduit les rentrées de cotisations, qui ont fait plonger dans le rouge les quatre branches de la Sécurité sociale (santé, retraite, famille, accidents du travail).
La branche maladie paie en outre l'envolée des dépenses liées au coronavirus, et connaît à elle seule 30 milliards d’euros de déficit cette année. La moitié de cette somme (15 milliards d’euros) correspond aux dépenses exceptionnelles engagées pour répondre à la crise sanitaire, comme les achats de masques chirurgicaux et FFP2, d’équipements de protection des soignants, de respirateurs, de molécules utilisées en réanimation, mais aussi la prise en charge des tests PCR, les primes aux soignants, les investissements dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux pour la réorganisation des soins et les recrutements, ainsi que la prise en charge exceptionnelle par l’assurance maladie des arrêts de travail pour gardes d’enfants.
Selon les prévisions du gouvernement, le déficit de la branche maladie redescendra à 16,4 milliards d’euros l’année prochaine, soit plus du triple du déficit total de la Sécurité sociale en 2019 (5 milliards d’euros), qui était déjà une année de forte dégradation après huit années consécutives d’amélioration des comptes.
27 milliards d'euros de déficit en 2021
En 2021, l’Objectif national des dépenses d'assurance maladie (ONDAM) sera porté à 224,6 milliards d’euros, soit une augmentation de 12,5 milliards d’euros et 4,1% par rapport à 2020. Le déficit global de la sécu devrait alors être de 27 milliards d’euros. Le coût des tests, masques et vaccins «dès lors qu’ils auront démontré leur sécurité et leur efficacité» pèsera à lui seul 4,3 milliards d’euros. Les dépenses de revalorisation des salaires atteindront 4,6 milliards d’euros dans les établissements sanitaires et 1,4 dans les Ephad.
Le PLFSS 2021 prévoit aussi, à partir de juillet prochain, un allongement de la durée du congé pour un père - ou second parent - d'un enfant à naître ou adopté de 14 à 28 jours, dont sept obligatoires. Les trois jours du congé de naissance seront toujours à la charge de l'employeur, et les 25 jours restants seront indemnisés par la Sécurité sociale. Comme c'est déjà le cas, sept jours supplémentaires seront ajoutés dans le cas d'une naissance multiple.
Les consultations en visioconférence (téléconsultations), multipliées par 100 au mois d'avril, resteront encore prises en charge à 100% par la sécu pendant deux ans. L'allocation supplémentaire d'invalidité (ASI) sera augmentée pour passer en 2021 à 800 euros par mois (contre 750 euros actuellement)
Enfin, en 2021, une cinquième branche de la Sécurité sociale, dédiée à la prise en charge de la perte d'autonomie, sera créée en plus des branches historiques : maladie, retraite, famille, accidents du travail et dotée de 0,9 milliards d’euros.