Trump ferme la porte du marché américain de la 5G à Huawei, Pékin et Macron réagissent
Un décret signé par Donald Trump a relancé la guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques sur le marché de l’internet de cinquième génération. Pékin dénonce une entrave à la libre concurrence et Macron un acte «pas approprié».
Le président américain Donald Trump a interdit le 15 mai aux réseaux américains de télécoms de se fournir en équipements auprès de sociétés étrangères jugées à risque, une mesure «d'urgence nationale» ciblant d'abord la Chine et l'opérateur Huawei.
Pékin ne s'y est d'ailleurs pas trompé et a mis jeudi Washington en garde contre «une atteinte» aux relations commerciales. «Nous exhortons les Etats-Unis à mettre fin à leurs actions incorrectes [...] pour éviter de nuire davantage aux relations économiques et commerciales», a réagi lors d'une conférence de presse un porte-parole du ministère chinois du Commerce. Selon la Maison Blanche, le décret est justifié parce que des «adversaires étrangers exploitent de façon croissante des vulnérabilités dans les services et les infrastructures technologiques de l'information et de la communication aux Etats-Unis».
Pour Pékin, il s'agit seulement d'une manœuvre déloyale faussant la concurrence. Huawei a pour sa part dénoncé par voie de communiqué des «restrictions déraisonnables qui empiéteront sur [ses] droits». L’entreprise chinoise qui se présente comme «le leader sans rival de la 5G» estime en outre que ces restrictions ne feront que «cantonner les Etats-Unis à des alternatives inférieures et plus coûteuses». Le décret présidentiel assure répondre aux «actes malveillants favorisés par internet, dont l'espionnage économique et industriel au détriment des Etats-Unis et de sa population».
Un contexte de guerre commerciale
C’est la mesure la plus sévère prise par le gouvernement de Donald Trump contre le secteur technologique chinois en pleine expansion, en particulier dans les pays émergents d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie. Elle a pour contexte l’affrontement commercial entre les deux premières économies mondiales qui a pour le moment consisté en l’instauration de barrières douanières réciproque visant certaines catégories de produits que se vendent les deux pays.
Cela fait un certain temps que les Etats-Unis abusent de leur puissance pour jeter de façon délibérée le discrédit sur les entreprises chinoises et les refouler ainsi à tout prix, ce qui n'est ni juste, ni respectable
Interrogées sur l'éventualité de l'adoption à Washington d'un tel décret, les autorités à Pékin avaient préalablement dénoncé un abus de pouvoir visant selon elles à écarter les entreprises chinoises du libre jeu de la concurrence. «Cela fait un certain temps que les Etats-Unis abusent de leur puissance pour jeter de façon délibérée le discrédit sur les entreprises chinoises et les refouler ainsi à tout prix, ce qui n'est ni juste, ni respectable», a commenté Geng Shuang, porte-parole de la diplomatie chinoise.
Avec le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo en première ligne, les Etats-Unis mènent depuis plusieurs mois une charge contre Huawei, qu'ils soupçonnent d'espionnage pour le compte de Pékin.
Les Etats-Unis ont donc exclu la firme chinoise du déploiement de la 5G sur leur sol et tentent de convaincre leurs alliés occidentaux d'en faire autant en avertissant des multiples dangers d'espionnage dans un monde où la cinquième génération augmentera la foule d'objets connectés, des voitures aux caméras de sécurité.
Entre #Chine 🇨🇳 et #EtatsUnis 🇺🇸, la hache de guerre est loin d’être enterrée
— RT France (@RTenfrancais) 28 février 2019
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Le 25 mai, le ministère américain du Commerce a aussi placé Huawei sur une liste d'entreprises auprès desquelles on ne peut commercer qu'après avoir obtenu un feu vert des autorités, ce qui revient à des sanctions directes contre l’entreprise chinoise.
L'arrestation en décembre de la directrice financière de Huawei à Vancouver (Canada), à la demande de la justice américaine, avait déjà envenimé les choses. Meng Wanzhou est soupçonnée d'avoir menti à plusieurs banques pour que Huawei puisse accéder au marché iranien entre 2009 et 2014, en violation des sanctions américaines. Elle risque une extradition vers les Etats-Unis.
L'arrestation de Meng Wanzhou a été suivie quelques jours plus tard par l'interpellation en Chine de deux ressortissants canadiens, une détention qualifiée «d'arbitraire» par Ottawa.
Depuis Paris, Macron réagit au décret de Trump
Réagissant au décret de Donald Trump sur la 5G et l'équipementier chinois Huawei le président français Emmanuel Macron a jugé pour sa part «pas approprié» de «lancer maintenant une guerre technologique ou une guerre commerciale vis-à-vis de quelque pays que ce soit».
«Notre perspective n’est pas de bloquer Huawei ou toute autre entreprise mais de préserver notre sécurité nationale et la souveraineté européenne», a aussi déclaré Emmanuel Macron, qui s'exprimait en anglais, au salon VivaTech à Paris. Il a ajouté : «La France et l’Europe sont pragmatiques et réalistes. Nous voulons développer l’emploi, les affaires, l’innovation. Nous croyons à la coopération et au multilatéralisme.»
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