Une rencontre secrète à l’Elysée aurait décidé de la suppression immédiate de l’ISF
Selon France Info, le calendrier de la réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune aurait été exigé par des grands patrons du CAC40 lors d’une réunion secrète. Certains économistes pensent même qu’elle a contribué à la révolte des Gilets jaunes.
Une rencontre secrète de grands patrons à l’Elysée aurait provoqué l’adoption de la réforme sur l’ISF plus tôt que prévu. C’est ce qu’affirme France Info, la chaîne d’information en continu du service public. Elle rappelle que dans son discours de politique générale, le 4 juillet 2017, le Premier ministre Edouard Philippe avait annoncé que l’ISF serait «resserré autour du seul patrimoine immobilier afin d’encourager l’investissement dans la croissance des entreprises», mais surtout que la réforme entrerait en vigueur en 2019 (et non dès 2018 comme ce fut finalement le cas).
Or, trois jours plus tard démarraient les Rencontres économiques d’Aix-en-Provence. A cette occasion, d’après les informations recueillies par la chaîne info «Jean-Hervé Lorenzi, le président du Cercle des économistes, demande au ministre de l’Economie Bruno Le Maire […] d’accélérer son calendrier».
Surtout, à la même époque, plusieurs membres de la puissante Association française des entreprises privées (Afep), regroupant de nombreux patrons du CAC 40, considèrent que si le président de la République n’agit pas immédiatement, il ne le fera jamais. Selon France Info, ils se rendent secrètement en délégation à l’Elysée pour demander un changement de calendrier, et peu de temps après Bercy annonce que la réforme entrera bien en vigueur dès 2018.
Cependant, cette décision s’accompagne d’une baisse des aides personnalisées au logement et d’une hausse du forfait hospitalier qui donne à beaucoup et comme le résumera Clémentine Autain (LFI) le 8 octobre 2017 sur la chaîne parlementaire (LCP) l'impression «qu’au fond la redistribution se fait au profit des plus riches », et qu’avec Emmanuel Macron à l’Elysée «c’est un Robin des bois à l’envers qui est à la tête de l’Etat»
Cité par France info, Philippe Aghion, qui a participé à l’élaboration du programme économique d’Emmanuel Macron se désole de la simultanéité de la baisse des APL, de la hausse de la CSG pour les retraités, puis de la désindexation des retraites sur l’inflation, avec le remplacement de l’impôt de solidarité sur la fortune par un impôt sur la fortune immobilière dont le rendement fiscal chute de près de 3 milliards d’euros. Il va jusqu’à avancer : «Si on avait procédé différemment, nous aurions évité le mouvement [des Gilets jaunes] que nous avons aujourd’hui.»
Terra Nova propose d’augmenter les droits de succession pour compenser la fin de l’ISF