Les chômeurs européens de plus en plus pauvres, surtout les Allemands
La baisse du chômage en Europe, à son niveau le plus bas depuis la crise de 2008, cache des statistiques plus sombres : ceux qui restent à l’écart de l’emploi vivent de plus en plus mal, notamment en Allemagne, champion de la flexibilité du travail.
En Europe, les indicateurs du chômage sont au beau fixe. Selon la dernière livraison d’Eurostat, le bureau de statistiques basé au Luxembourg, le taux de chômage parmi les 28 a baissé de 8% de janvier 2017 à janvier 2018, pour s’établir à 7,3%. C’est son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008. A 8,6 %, il est également en forte baisse dans les 19 Etats membres de la zone Euro.
Mais les quelque 18 millions de femmes et d’hommes sans travail dans l’Union européenne (UE) sont de plus en plus exposés au «risque de pauvreté». Un indicateur qui désigne un niveau de revenu équivalent à 60% du salaire médian, comparable au terme plus connu de «seuil de pauvreté».
Et sur ce point, la tendance est à l’aggravation continue depuis une quinzaine d’années. Selon une autre livraison statistique du même institut le risque de pauvreté est passé dans l’UE et la zone euro de respectivement 40% et 37% en 2005 à 48,7% dans les deux ensembles fin 2016.
Les chômeurs allemands sont les plus exclus d'Europe
En France, où il est parmi les plus bas d’Europe, il est passé de 29,5% en 2005 à 38,4% pendant la même période. Et en Allemagne ce taux a explosé et atteint aujourd’hui 70% (contre 20% pour l’ensemble de la population). Le record au sein de la zone euro !
La notion de niveau de vie prend en compte les revenus des ménages, salaires et autres, ainsi que les prestations sociales moins les impôts directs. #economie#France#Allemagne#Europehttps://t.co/eVVUTkErJf
— RT France (@RTenfrancais) 24 novembre 2017
Dans le domaine du chômage, le modèle d’outre-Rhin affiche donc des résultats contrastés, mais aussi inquiétants, pour les demandeurs d'emploi français. En effet, la paupérisation rapide des chômeurs en Allemagne a accompagné l’entrée en vigueur des lois de flexibilisation du travail de 2005, connues comme «réformes Hartz», avec les fameux «jobs à 1€ de l’heure», temps partiels non-voulus et autre emplois très précaires. 7,6 millions d'Allemands sont aujourd'hui concernés. Or ces réformes allaient dans le même sens que la loi Travail du gouvernement précédent et les ordonnances réformant le code du travail, signées en septembre 2017.
⚡🇪🇺INFO - Les chômeurs européens sont de plus en plus pauvres. Les menaces de paupérisation pour les #chômeurs sont 2 fois plus élevées en Allemagne qu'en France. (L'Express) pic.twitter.com/0zQFJM7UfV
— AlertesInfos (@AlertesInfos) 7 mars 2018
Autre trajectoire franco-allemande inquiétante : en Allemagne les allocations chômage sont gérées et versées par l’Etat, ce qui permet de fixer le seuil et les conditions d’indemnisations sans passer par des négociations avec les partenaires sociaux, comme c’est encore le cas en France. Mais on sait que l’étatisation de l’assurance chômage est la conséquence la plus vraisemblable de la réforme pour laquelle les discussions ont été entamées l’hiver dernier avec les syndicats et qui devrait voir le jour d’ici le printemps.
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