Airbnb a payé à peine plus de 92 000 euros d'impôts en France en 2016

Le site internet de location entre particuliers est en plein essor, et la France représente son deuxième marché, juste derrière les Etats-Unis. Pourtant, un montage fiscal avantageux lui permet d'échapper en grande partie à l'impôt en toute légalité.
La plateforme de location immobilière entre particuliers Airbnb est connue pour ses engagements très médiatisés contre les discriminations... mais bien moins pour ses bonnes pratiques fiscales. Elle n'a en effet payé que 92 944 euros d'impôts en 2016, comme le révèle Le Parisien. Un montant certes plus élevé que l'année précédente, où l'entreprise s'était acquittée de 69 168 euros d'impôts, mais qui témoigne toujours d'une stratégie d'optimisation fiscale exceptionnellement efficace.
La France, avec ses quelques dix millions d'utilisateurs du site et 400 000 annonces de logements, est pourtant le deuxième marché d'Airbnb, juste derrière les Etats-Unis. Paris, à elle seule, compte près de 60 000 annonces – la première ville au monde. Pour autant, les retombées économiques dans l'Hexagone sont réduites à peau de chagrin. L'entreprise américaine, immatriculée dans l'Etat du Delaware, considéré comme un quasi-paradis fiscal, assume totalement sa stratégie d'optimisation, par ailleurs totalement légale.
En Europe, Airbnb a en effet pris soin d'installer son siège social en Irlande, où un impôt sur les entreprises à 12,5%, l'un des taux les plus faibles de toute l'Union européenne, lui garantit une imposition minimale. Cette situation se révèle d'autant plus avantageuse pour l'entreprise qu'elle commence à diversifier ses activités et compte sur une croissance économique soutenue.
L'entreprise, elle, assume totalement. «La communauté Airbnb a eu un impact économique de plus de 6,5 milliards d'euros en 2016», explique-t-elle, en mettant en avant les chiffres issus d'une enquête qu'elle a commandée l'an passé. Les touristes, attirés par les prix plus avantageux que ceux pratiqués dans l'hôtellerie, sont plus nombreux et consomment davantage. Airbnb argue également qu'elle collecte et reverse la taxe de séjour pour ses hôtes dans près de 50 villes, qu'elle paie la TVA et que les personnes mettant à disposition de leur logement touchent, sur une nuitée à 100 euros, 97 euros. Autrement dit, l'entreprise met en avant son rôle d'acteur économique incontournable d'un secteur dont la mutation a été fulgurante.
De son côté, Emmanuel Macron avait fait de la lutte contre l'optimisation fiscale une de ses priorités. Lors de la campagne présidentielle, il avait assuré vouloir se battre au niveau européen «pour une taxe sur le chiffre d'affaires réalisé dans nos pays pour des prestations de service électronique». Ce projet, dont les contours n'ont pas été définis, s'annonce d'ores et déjà comme particulièrement délicat, tant les ambitions et objectifs des Etats membres de l'Union européenne divergent.