Washington bloque les exportations vers la Chine de puces pour l’intelligence artificielle
Les sociétés AMD et Nvidia ont annoncé qu’elles avait reçu l’interdiction d’exporter vers la Chine certains de leurs microprocesseurs. Ces restrictions ont pour contexte les tensions entre la Chine et les Etats-Unis autour de l’île de Taïwan.
Un porte-parole du concepteur étasunien de microprocesseurs AMD, cité par l’agence Reuters, a déclaré, le 31 août, que des responsables américains lui avaient intimé de cesser d'exporter vers la Chine son micro-processeur le plus avancé dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Il a précisé que les nouvelles exigences de licence d’exportation empêchaient l'expédition de ses puces MI250 en Chine, mais pense que d’autres comme la MI100 ne sont pas affectées. AMD a ajouté qu'il n’envisageait pas que ces nouvelles règles aient un impact significatif sur ses activités, mais son action a quand même subi une décote de 2%.
Son rival étasunien Nvidia a annoncé le même jour avoir reçu notification des mêmes restrictions pour ses puces A100 et H100 et précisé qu’elles portaient sur des commandes déjà passées par des entreprises chinoises pour un montant de 400 millions de dollars. Dans la foulée de cette annonce, la valeur des ses actions a chuté de 6,6%.
Les représentants de Nvidia ont confié à Reuters que des «responsables» leur avaient expliqué que cette nouvelle règle tendait à éviter que les produits concernés puissent être utilisés ou détournés pour une utilisation militaire en Chine.
Tomber dans de mauvaises mains
Interrogé par Reuters, le département américain du Commerce a expliqué qu'il revoyait ses politiques et pratiques à l’égard de la Chine «pour éviter que les technologies avancées ne tombent dans de mauvaises mains».
«Bien que nous ne soyons pas en mesure de décrire des changements de politique spécifiques pour le moment, nous adoptons une approche globale pour mettre en œuvre les actions supplémentaires nécessaires liées aux technologies, aux utilisations finales et aux utilisateurs finaux pour protéger la sécurité nationale des Etats-Unis et les intérêts de leur politique étrangère», a ajouté un porte-parole.
Sans les puces de sociétés telles que Nvidia et AMD, les entreprises clientes chinoises pourraient notamment avoir des difficultés à réaliser rapidement et à des coûts compétitifs des applications de reconnaissance vocale et d'images.
La reconnaissance d'images et le traitement du langage naturel sont courants dans les applications grand public présentes dans les smartphones.
Les startups chinoises en embuscade
L'interdiction de l’exportation de ces puces vers la Chine s’ajoute à un contexte morose pour Nvidia qui avait déjà annoncé la semaine précédente une forte baisse de ses revenus pour le trimestre en cours en raison d'une industrie du jeu en retrait. Pour le troisième trimestre le groupe s’attend à une chute de 17% de son chiffre d’affaires.
«Nous allons passer d’une situation où certaines entreprises américaines ont l’interdiction d'approvisionner une entreprise, comme ce fut le cas avec Huawei, à une situation ou est interdite la vente de certains produits américains en Chine», analyse pour Reuters Jay Goldberg, PDG de D2D Advisory, une société de conseil en finance et stratégie.
Selon lui, peu d'entreprises chinoises sont en mesure de remplacer rapidement les microprocesseurs d'AMD et de Nvidia, mais ces restrictions devraient stimuler le financement de startups chinoises qui aspirent à fabriquer des puces pouvant les concurrencer. Beaucoup de ces startups ont été fondées par d'anciens membres du personnel d’AMD et de Nvidia.
Les actions des fabricants chinois de puces IA Hygon Information Technology et Loongson Technology Corp ont gagné le 1er septembre, respectivement 10% et 6%.