Bénin : le président Patrice Talon fait le point sur le putsch manqué et la révision constitutionnelle
© Youtube / BENIN TVLes coulisses du coup d'État manqué du 7 décembre et la révision constitutionnelle étaient au centre de la conférence de presse du chef d'État béninois diffusée par la télévision nationale.
Dans une conférence de presse de plus d’une heure et demie, tenue au Palais de la Marina et diffusée exclusivement par la télévision nationale le 18 décembre, le président béninois Patrice Talon est sorti de son silence et a répondu aux questions des journalistes, revenant sur les deux sujets majeurs du moment : les coulisses du putsch déjoué du 7 décembre et l’entrée en vigueur de la Constitution révisée.
Le chef de l'État béninois a fait part d’un « petit coup » au moral à cause de l’image que les putschistes ont donné du pays avant de déconstruire le récit d’une mutinerie d’envergure au sein des forces armées qui n’était « pas véritablement un coup d'État, parce qu’il faut bien plus que ça pour soumettre un État entier ». « Ce n’est pas la Garde nationale qui a opéré l'attaque », a-t-il révélé, qualifiant les éléments qui ont mené la tentative de putsch de « voyous », de « crapules » et de « marginaux ». Il a affirmé que ni « le commandement ou une partie du commandement ou du sous-commandement ou une frange importante de l’unité » n’ont mené ce coup de force, attribuant ce qu’il a qualifié d’« attaque » à « quelques égarés, manipulés par des nostalgiques et des jaloux ».
Intervention de l’armée de l’air nigériane et traque des mutins fugitifs
Le président béninois a souligné que l’intervention militaire nigériane avait été rendue nécessaire, après discussion avec les responsables militaires, pour « faire une frappe chirurgicale » contre les mutins retranchés dans la base de Togbin avec des armes lourdes et des blindés, pour éviter les pertes en vies humaines, précisant que les frappes nigérianes avaient été faites dans le cadre de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Lors du putsch manqué, plusieurs personnes ont été tuées. Des sources de presse indiquent qu’une trentaine de personnes, des militaires pour la plupart, ont été arrêtées et écrouées pour « trahison », « assassinat » et « attentat à la sûreté de l’État ».
Patrice Talon a indiqué que le chef des mutins, le lieutenant-colonel Pascal Tigri, était en fuite et qu’il faisait l’objet d’un mandat international. Il a précisé que le chef du coup de force était « parti du camp en civil et à bord d’un véhicule » et que d’autres meneurs, également en fuite, « ont pu passer des frontières », d’où la demande formulée par l'État béninois aux pays concernés de renvoyer les fugitifs.
Le président béninois plaide pour le pragmatisme de la révision constitutionnelle
Pour le second sujet de la conférence de presse, Patrice Talon a plaidé en faveur de la révision de la Constitution promulguée le 17 décembre, mais dénoncée par l’opposition : le passage à un mandat présidentiel de sept ans au lieu de cinq, la création d’un Sénat et l’instauration d’une trêve politique, interprétée comme un muselage de l’opposition par certains.
Il a expliqué l’adoption du septennat par le besoin d’adapter le mandat présidentiel aux besoins de développement d’un pays en construction tel que le Bénin. « En cinq ans, tout ce qui se fait, c’est dans la précipitation », a-t-il affirmé. Le président béninois a assuré que cette réforme constitutionnelle n’émanait pas d’un calcul personnel pour s’éterniser au pouvoir : « Ce n’est pas à mon profit. Ce sera au profit du Bénin. »