L’Afrique s’engage sur un pacte de 50 milliards de dollars par an pour répondre à l’urgence climatique

Réunis à Addis-Abeba du 8 au 10 septembre 2025, les dirigeants africains ont lancé un pacte visant à mobiliser 50 milliards de dollars chaque année pour financer des solutions climatiques locales. En parallèle, 100 milliards supplémentaires ont été promis pour l’industrialisation verte, portant à 150 milliards les engagements climatiques du sommet.
Sans attendre l’aide des pays occidentaux, l’Afrique prend les devants face à l’urgence climatique. Le deuxième Sommet africain sur le climat (ACS2), tenu en Éthiopie, a réuni 54 États africains qui ont adopté la Déclaration d’Addis-Abeba et lancé deux initiatives clés : le Pacte africain pour l’innovation climatique (ACIC) et le Fonds africain pour le climat (ACF). Ces structures auront pour mission de mobiliser 50 milliards de dollars par an pour financer des solutions locales dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, de l’eau, des transports et de la résilience d’ici 2030, selon le communiqué officiel de l’ACS2 publié le 11 septembre.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a affirmé que l’objectif est de proposer « 1 000 solutions africaines » d’ici la fin de la décennie. Il a également proposé que son pays accueille la COP32 en 2027, démontrant ainsi l’ambition de l’Éthiopie de jouer un rôle central sur la scène climatique mondiale.
Des financements africains pour des priorités africaines
Outre ces 50 milliards, un engagement supplémentaire de 100 milliards de dollars a été pris par les institutions financières africaines, dont la Banque africaine de développement, pour soutenir des projets d’industrialisation verte. Cela comprend la transformation des ressources africaines comme le cobalt ou le lithium, destinées non seulement à l’exportation mais aussi à la création de valeur ajoutée locale.
Le sommet a également dénoncé le déséquilibre des flux financiers. Selon les chiffres cités par Reuters, l’Afrique n’a reçu que 30 milliards de dollars de financement climatique entre 2021 et 2022, alors qu’elle aurait besoin de plus de 3 000 milliards d’ici 2030. L’ACS2 a exigé que le financement climatique destiné à l’Afrique prenne la forme de subventions et non de prêts, afin d’éviter d’aggraver une dette déjà jugée « mortifère » par plusieurs dirigeants, dont William Ruto, président du Kenya.
Un leadership africain affirmé à l’approche de la COP30
Les participants ont également réaffirmé leur rejet du modèle imposé par les pays occidentaux. Le sommet a rappelé que le continent africain est responsable de moins de 4 % des émissions mondiales, tout en subissant de plein fouet les conséquences des dérèglements climatiques. La priorité de l’Afrique reste l’accès à l’eau, à la terre et à l’alimentation, bien plus que la réduction des émissions.
Le sommet a mis en avant plusieurs programmes structurants, comme la Mission 300, qui vise à connecter 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici 2030, et l’initiative « Clean Cooking » pour fournir des solutions de cuisson propre à 900 millions de personnes. Ces objectifs s’appuient notamment sur l’importation massive de panneaux solaires chinois.
À la veille de la COP30 prévue à Belém au Brésil, l’ACS2 envoie un message clair : l’Afrique ne se positionne plus comme une simple victime, mais comme un futur moteur de l’économie climatique mondiale. Comme l’a déclaré Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECA : « L’Afrique n’attend plus. Nous devenons les architectes de notre propre avenir vert ».