L’Éthiopie inaugure le Grand barrage de la Renaissance, le plus grand d’Afrique

Après 14 ans de travaux et de tensions régionales, l’Éthiopie inaugure le Grand barrage de la Renaissance, le plus vaste d’Afrique. Le projet doit doubler la production électrique et faire du pays un hub énergétique régional, tout en se voulant sans impact sur l’Égypte et le Soudan.

Le 9 septembre a eu lieu l'inauguration du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, une méga-centrale hydroélectrique construite sur le Nil Bleu, qui est devenue le plus grand barrage jamais construit sur le continent africain. Le projet, mis en service pour la première fois en 2022, a été officiellement inauguré après 14 ans de construction et un long différend avec l'Égypte et le Soudan voisins, pays situés en aval du fleuve, qui craignent des dommages à leurs terres agricoles et des perturbations de l'approvisionnement en eau, en particulier en cas d'inondations.

Pour l'Éthiopie, ce projet représente une opportunité majeure pour atteindre ses objectifs de développement, ainsi que pour l'économie régionale : avec une capacité de plus de 5,15 gigawatts, la centrale doublera la production d'électricité du pays, le transformant en un centre énergétique majeur pour toute l'Afrique de l'Est.

Abiy Ahmed assure que le barrage ne nuit pas à l’Égypte ni au Soudan

« Une grande réussite non seulement pour l'Éthiopie, mais pour toutes les personnes noires ! », a déclaré le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed lors de la cérémonie d'inauguration du barrage, assurant que le barrage de la Renaissance stabiliserait les débits fluviaux, réduirait les inondations et favoriserait l'intégration économique sans nuire à l'Égypte ou au Soudan.

Il a également souligné le potentiel du barrage en termes d'amélioration de l'accès à l'électricité dans le pays et d'exportation vers les pays d'Afrique de l'Est. Les dirigeants du Kenya, de Djibouti, de Somalie et du Soudan du Sud ont assisté à la cérémonie.

La construction du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, large de 1,8 kilomètre et haut de 145 mètres, d'un coût de 4,2 milliards de dollars et dont le réservoir peut stocker 74 milliards de mètres cubes d'eau, a débuté en 2011. Le remplissage du réservoir a été réalisé entre 2020 et 2023. La construction de la centrale hydroélectrique a été réalisée sans faire appel à des créanciers occidentaux. Les fonds nécessaires ont été réunis grâce à l'émission d'obligations et à l'organisation de campagnes de collecte de fonds, notamment auprès des membres de la diaspora éthiopienne.

Inquiétudes persistantes 

L'Égypte et le Soudan ont toutefois exprimé leurs craintes que la mise en service du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne n'entraîne une pénurie d'eau dans ces pays situés en aval du Nil. Le Caire a considéré la construction et la mise en service de la centrale hydroélectrique comme une « menace existentielle », le Nil fournissant 90 % de l'eau douce consommée par l'Égypte.

Le Premier ministre éthiopien a quant à lui insisté sur le fait que la mise en œuvre de ce grand projet d'infrastructure ne porterait pas préjudice aux pays situés en aval du Nil. Il a déclaré que le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne était une opportunité et non une menace. Les dirigeants égyptiens et soudanais ont été invités à la cérémonie d'inauguration officielle du projet.