Financement et justice climatique au cœur du Sommet africain sur le climat

Le Sommet africain sur le climat entend dépasser les discours en plaidant pour des solutions basées sur des financements plus justes, un endettement moins lourd et des innovations résilientes, créatrices de valeur dans l’économie verte mondiale.
La capitale éthiopienne, Addis-Abeba, accueille du 8 au 10 septembre le Deuxième Sommet africain sur le climat (ACS2), organisé par le gouvernement éthiopien et l’Union africaine (UA). L’événement réunit cette année 45 chefs d'État et de gouvernement, ainsi que plus de 25 000 participants, dont des militants et des représentants d’entreprises et d’institutions. L’édition 2025 s’articule autour du thème : « Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l’Afrique ». Son enjeu est l’accélération de la mise en place de solutions climatiques et la promotion d’un développement résilient et durable.
Un autre objectif affiché de l’ACS2 est de dépasser les engagements pour parvenir à des actions concrètes et durables, en mettant l’accent sur les innovations et les partenariats dans la transition verte. C’est ce qu’a exprimé le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, cité par Afriquinfos, déclarant : « Avec l’ACS2, l’Afrique peut démontrer que nous ne sommes pas seulement demandeurs d’aide ; nous sommes des innovateurs et des partenaires dans la transformation climatique mondiale. L’heure n’est plus aux discours, mais à l’action audacieuse. Nous ne sommes pas les victimes d’une crise que nous n’avons pas créée, mais les architectes d’un avenir juste, vert et résilient. L’Afrique ne recherche pas la charité, mais la justice ; pas la pitié, mais le partenariat. »
Un besoin de financement de 579 milliards de dollars entre 2020 et 2030
La Banque africaine de développement estime à 100 milliards de dollars par an les besoins pour l’adaptation des infrastructures, la sécurisation de l’agriculture et les investissements dans les énergies renouvelables en Afrique. Or, selon un rapport de l’ONU sur le climat, seulement 30 milliards de dollars ont été mobilisés pour l’Afrique entre 2020 et 2024 par le Fonds vert pour le climat (GCF). Selon Mahamoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’UA, « les pays africains ont besoin de garanties solides et de mécanismes de financement innovants pour transformer nos ambitions climatiques en actions tangibles ».
Ali Mohamed, envoyé spécial pour le climat du président kényan William Ruto, a abondé dans ce sens : « Alors que nous nous réunissons pour l’ACS2, notre mission est claire : transformer cette ambition de 2023 en action, en augmentant les capitaux, en débloquant les chaînes de valeur et en forgeant des alliances qui ancrent la compétitivité de l’Afrique dans l’économie verte mondiale. »
Selon le document préparatoire du sommet, l’Afrique a besoin d’environ 579 milliards de dollars pour financer son adaptation entre 2020 et 2030. Pourtant, les flux actuels destinés à l’adaptation sont cinq à dix fois inférieurs aux besoins réels, rapporte Afriquinfos.
L’endettement et la justice climatique au cœur des préoccupations
Pour Emmanuel Seck, directeur exécutif d’Enda Energie, il est « inacceptable, du point de vue de la justice climatique, que les pays les plus vulnérables soient contraints de s’endetter pour faire face à une crise qu’ils n’ont pas causée ». Dans la même perspective, Adrian Chikowore, de l’organisation Christian Aid Zimbabwe, a affirmé : « L’Afrique ne peut pas lutter contre la crise climatique tout en croulant sous les dettes. Nous devons retrouver le rôle des finances publiques en veillant à ce que l’action climatique soit financée par des instruments équitables, prévisibles et n’entraînant pas d’endettement. »
L’ancienne présidente de Maurice, Ameenah Gurib-Fakim, a pour sa part souligné que la réforme de la dette « ne peut plus être dissociée de la réalité climatique. Pour l’Afrique et l’ensemble des pays du Sud, la crise climatique est une menace existentielle, alors que ces régions fournissent gratuitement des services écosystémiques qui soutiennent la vie partout dans le monde. »
De son côté, l’ingénieur spécialiste des ressources énergétiques et membre de l’ONG Legs Africa, Mbaye Hadj, a indiqué que « les pays dotés de puits naturels doivent être rémunérés équitablement, sans discrimination géographique. L’Afrique ne peut continuer à être marginalisée dans les dispositifs de compensation carbone, alors même qu’elle contribue activement à l’équilibre climatique global. »