Soudan : au moins 17 civils tués lors d’une attaque des FSR contre El-Facher

La ville d’El-Facher, capitale du Darfour-Nord assiégée depuis plus d’un an, a de nouveau été le 16 août la cible d’un bombardement mené par les Forces de soutien rapide (FSR). Selon des sources médicales locales, l’attaque a causé la mort d’au moins 17 civils et fait 25 blessés.
Au matin du 16 août, plusieurs quartiers d’El-Facher ont été frappés par de violents tirs d’artillerie des FSR. Les bombardements, qui se sont poursuivis jusqu’en fin d’après-midi, ont visé des zones résidentielles, détruisant des habitations et semant la panique parmi la population. Une source hospitalière de la ville, souhaitant rester anonyme, a indiqué que les victimes recensées ne représentent qu’une partie du bilan, certaines familles ayant enterré leurs proches directement, sans passer par les structures médicales devenues inaccessibles en raison de l’insécurité.
Les comités de résistance locaux, qui documentent les exactions du conflit, ont dénoncé « l’une des attaques les plus meurtrières » enregistrées depuis plusieurs mois. En parallèle, à quelques kilomètres au nord, le camp de déplacés d’Abou Chouk a également été bombardé. Déjà frappé par la famine, ce camp a perdu plusieurs civils, dont un chef communautaire, tandis qu’au moins vingt blessés ont été signalés.
Intensification du conflit au Darfour
La région connaît depuis avril 2023 une guerre ouverte entre l’armée soudanaise, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les FSR, commandées par Mohamed Hamdane Daglo. Après leur retrait de Khartoum, reprise par l’armée en mars dernier, les paramilitaires ont multiplié leurs attaques au Darfour, ciblant notamment les camps de déplacés. En avril, une offensive sur le camp de Zamzam avait déjà provoqué l’exode de dizaines de milliers de personnes vers El-Facher.
La situation humanitaire est désormais alarmante. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu que des milliers de familles piégées dans la ville sont menacées par la famine. Le prix des denrées de base, comme le sorgho et le blé, a explosé, atteignant jusqu’à 460 % de plus que dans d’autres régions du pays. Les marchés, les cliniques et même les cuisines communautaires ont été ciblés ou fermés, aggravant encore l’insécurité alimentaire. Rien qu’en une semaine, la malnutrition aurait causé la mort de 63 personnes, principalement des femmes et des enfants, selon un responsable sanitaire local.
Épidémie de choléra
À cette crise alimentaire s’ajoute une épidémie de choléra qui progresse rapidement dans les camps surpeuplés. L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) affirme avoir pris en charge plus de 2 300 patients et recensé 40 décès dans la seule région du Darfour au cours de la semaine passée. L’épicentre de l’épidémie se situe actuellement à Tawila, à environ 70 kilomètres d’El-Facher.
Selon l’ONU, le conflit a déjà fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plusieurs millions de personnes, divisant de facto le pays : l’armée contrôle le nord, l’est et le centre, tandis que les FSR dominent une grande partie du Darfour et certaines zones du sud. L’organisation internationale décrit la crise soudanaise comme « la pire catastrophe humanitaire au monde ». Aucune perspective immédiate d’apaisement ne semble se profiler.