Gambie : la mort d’un bébé après une excision provoque l’indignation des ONG

La Gambie est sous le choc après le décès d’un bébé d’un mois, victime d’une excision. L’affaire ravive le débat sur cette pratique profondément ancrée dans la société, malgré son interdiction légale depuis 2015.
La police gambienne a annoncé, dans un communiqué publié le 11 août, la mort d’un bébé d’un mois des suites d'une excision et l’ouverture d'une enquête sur les circonstances du décès. L'enfant avait été excisé dans le village de Wellingara, ce qui a provoqué une hémorragie sévère. Transporté en urgence à l'hôpital de Bundung, il a succombé peu après son admission. Réaffirmant son engagement à protéger les personnes vulnérables, la police a invité la population à signaler ce type de pratiques.
Protestations des ONG de défense des droits humains
Des organisations militant contre l’excision ont vivement protesté en Gambie contre cette pratique, pourtant criminalisée depuis 2015 et passible d’une amende ainsi que d’une peine de prison. La mutilation génitale féminine (MGF) cause douleurs, traumatismes et, dans certains cas, décès, rappellent les spécialistes médicaux.
Pour l’ONG Women In Leadership and Liberation (WILL), « la culture n’est pas une excuse, la tradition n’est pas un bouclier », condamnant fermement cette pratique en tant qu’acte de violence envers les femmes. L’incident a aussi été condamné par l’Assemblée nationale des enfants de Gambie, qui a déclaré qu’« aucun enfant ne devrait souffrir ou perdre la vie à cause d’un préjudice évitable », qualifiant l’excision d’« acte brutal et inhumain » qui viole les droits de l’enfant et menace sa survie.
Pour les militants anti-excision, cette affaire illustre l’insuffisance des lois et appelle à une transformation profonde des mentalités pour y mettre fin.
Pratique persistante
La Gambie compte parmi les pays du monde ayant un taux très élevé de mutilation génitale féminine. Selon l'UNICEF, trois filles sur quatre en Gambie sont excisées avant l'âge de six ans, alors qu’environ 76 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont été excisées. Cette pratique est particulièrement répandue en milieu rural, avec des taux atteignant 95 % dans la région de Basse, contre moins de 50 % à Banjul, la capitale. Or, ces chiffres résultent surtout d’estimations, dans la mesure où cette pratique est un tabou en Gambie, où il est interdit d’en parler pour diverses raisons, notamment la poursuite des membres de la famille ou de la communauté par la justice.