Le Kenya élimine la maladie du sommeil de la liste de ses problèmes de santé publique

L’Organisation mondiale de la santé a confirmé que le Kenya est désormais exempt de trypanosomiase humaine africaine, ou maladie du sommeil, en tant que problème de santé publique. Ce succès marque l’aboutissement de plus d’un siècle d’efforts sanitaires et place le pays parmi un cercle restreint de nations africaines ayant vaincu ce fléau mortel.
L’Organisation mondiale de la santé a confirmé le 8 août 2025 que le Kenya a officiellement éliminé la trypanosomiase humaine africaine (THA), plus connue sous le nom de maladie du sommeil, comme problème de santé publique. Selon l’OMS, ce pays d’Afrique de l’Est rejoint ainsi neuf autres États – le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, la Guinée équatoriale, l’Ouganda, le Rwanda, le Tchad et le Togo – ayant atteint ce jalon sanitaire.
La maladie du sommeil est une infection parasitaire transmise par la piqûre de la mouche tsé-tsé, porteuse du parasite Trypanosoma brucei. Elle progresse rapidement, envahissant plusieurs organes, dont le cerveau, et entraîne la mort en quelques semaines en l'absence de traitement. Les symptômes précoces comme la fièvre, les maux de tête ou la fatigue sont peu spécifiques, ce qui rend le diagnostic difficile. Lorsque le parasite atteint le système nerveux central apparaissent confusion, troubles sensoriels, mauvaise coordination et perturbations du cycle veille-sommeil, caractéristique qui a donné son nom à la maladie.
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué « une avancée historique », soulignant que cette élimination constitue « une nouvelle étape vers l’éradication des maladies tropicales négligées en Afrique », selon le communiqué officiel du 8 août 2025.
Une lutte de longue haleine
D’après le ministère kényan de la Santé, la lutte contre la maladie du sommeil a été entamée dès le début du XXᵉ siècle. Aucun cas indigène n’a été signalé depuis 2009, et les deux derniers cas importés détectés en 2012 concernaient des visiteurs du parc du Masai Mara. Pour atteindre cette victoire, le pays a renforcé la surveillance dans douze structures de santé réparties dans six comtés historiquement touchés, les dotant de tests diagnostiques performants et formant le personnel médical.
Le Conseil kényan d’éradication de la mouche tsé-tsé et de la trypanosomiase, appuyé par les autorités vétérinaires, a également intensifié la surveillance des populations de mouches et de la trypanosomiase animale. Ces efforts conjoints ont été soutenus par l’OMS et plusieurs partenaires internationaux, dont FIND, avec un stock de médicaments fourni par Bayer AG et Sanofi pour un traitement rapide en cas de résurgence.
le docteur Patrick Amoth, directeur général de la Santé au ministère kényan, a affirmé que « cet accomplissement reflète l’engagement du Kenya depuis de nombreuses années », grâce à la collaboration entre gouvernements, institutions de recherche, partenaires de développement et communautés locales.
Vigilance pour éviter une résurgence
Des experts, comme le docteur Augustin Kadima Ebeja, responsable maladie du sommeil au bureau régional africain de l’OMS, préviennent qu’un relâchement pourrait entraîner un retour de la maladie, rappelant les années 1960 où la situation, pourtant maîtrisée, avait dégénéré.
Selon l’OMS, la maladie du sommeil reste endémique dans certaines zones d’Afrique subsaharienne. Son élimination au Kenya ne signifie pas une éradication totale, mais un taux inférieur à un cas pour 10 000 habitants dans les zones historiquement touchées. Le pays mettra désormais en œuvre un plan de surveillance post-validation afin de détecter toute réintroduction ou résurgence.