«Surenchère» et tensions : un sénateur français accuse Retailleau d’envenimer les relations avec l’Algérie

Akli Mellouli, sénateur français, a émis des critiques virulentes contre le ministre de l’Intérieur, qu’il accuse d’alimenter la tourmente qui pèse sur les relations politiques et diplomatiques entre la France et l’Algérie. Il a appelé à l’apaisement et au dialogue entre les deux pays.
Le sénateur français du Val-de-Marne, Akli Mellouli, a tenu le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour responsable de la dégradation persistante des relations diplomatiques et politiques entre la France et l’Algérie, amorcée depuis près d’un an. C’est ce qui ressort de ses déclarations, faites le 4 août dans l’émission One 2 One, diffusée par la chaîne algérienne One TV.
Selon Mellouli, la politique de « surenchère » menée par le ministre le rend directement responsable de la situation actuelle entre les deux pays. Il lui reproche de « donner le ton » et de s’immiscer dans les affaires étrangères, « même parfois au mépris du droit », au lieu de se concentrer sur « son travail de ministre de l’Intérieur ».
Pointant du doigt la liste de personnes que Bruno Retailleau souhaite faire reprendre par l’Algérie, le sénateur a dénoncé une procédure contraire au droit européen et à la dignité humaine. « C’est nominatif. Ce sont des personnes, des êtres humains, pas des colis qu’on renvoie à l’expéditeur », a-t-il martelé.
Il plaide plutôt pour un examen au cas par cas : « Sinon, cela nous ramène à des heures plus sombres de l’histoire », a-t-il ajouté, en référence aux déportations nazies en France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les OQTF au cœur du débat
Sur la question de l’Obligation de quitter le territoire français (OQTF), le sénateur a rappelé qu’il s’agissait d’un sujet strictement juridique relevant des tribunaux. Il a cité le cas de l’influenceur algérien Doualemn, dont l’affaire a ravivé les tensions entre Paris et Alger, en précisant que la décision avait été rendue par le tribunal de Melun.
« J’ai rencontré sa présidente, et elle a eu raison : elle a jugé l’affaire en droit. L’individu disposait d’un titre de séjour et ne pouvait pas faire l’objet d’une OQTF sans que la procédure ne soit respectée », a souligné Mellouli. Il a ajouté qu’en matière d’OQTF, « l’Algérie ne fait pas moins bien que les autres pays […]. Elle fait parfois même mieux ».
Un « épouvantail » nommé Algérie
Évoquant les polémiques récurrentes autour de l’Algérie, souvent alimentées selon lui par Bruno Retailleau, Akli Mellouli a dénoncé un « épouvantail » agité pour « caresser le Front national, nostalgique de l’Algérie française, dans le sens du poil ». Une stratégie, dit-il, qui ne sert en rien les intérêts de la France, laquelle gagnerait à entretenir une relation « apaisée et saine » avec Alger.
Face à cet « écosystème » qu’il accuse de polluer les relations bilatérales « en activant tous les leviers », le sénateur a appelé à renouer le dialogue, quels que soient les différends, afin de « construire les conditions de l’avenir ». Il estime même que cela pourrait passer par la démission de Bruno Retailleau, ainsi que par la libération de l’écrivain Boualem Sansal, dont il précise ne pas partager les positions.