La diplomatie algérienne dénonce une décision «arbitraire» du ministre français de l’Intérieur

Trois jours après les déclarations de Bruno Retailleau à la presse sur la non-reconnaissance des passeports délivrés par le consulat d’Algérie à Toulouse, Alger a fustigé la position du ministre, pointant notamment l’absence de fondement légal à sa décision.
Nouvel épisode dans la crise que traversent les relations entre Alger et Paris. La diplomatie algérienne a réagi le 21 juillet à la dernière décision du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qualifiée d’arbitraire, de discriminatoire et d’abus de pouvoir.
Le locataire de la Place Beauvau a accusé le consulat d’Algérie à Toulouse d’avoir « délivré des centaines de passeports à des clandestins », lors d’un entretien au Figaro publié le 18 juillet dernier. Annonçant qu’il ne reconnaîtra pas ces documents, Bruno Retailleau a déclaré au quotidien français : « Je donnerai instruction aux préfets de ne pas reconnaître ces documents distribués dans ces conditions-là, pour la délivrance de ces titres de séjour ».
« Violation de droits individuels » et « manquement aux engagements bilatéraux de la France »
L'Algérie a réagi à ces propos du ministre français de l'Intérieur par l’intermédiaire d’une source au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger : « L’octroi de ces passeports est un droit pour les citoyens algériens et une obligation de l’État algérien souverain. De même, leur reconnaissance s’impose à l’État français », a-t-elle déclaré à l’agence de presse officielle APS.
Selon la même source, la décision de Retailleau de ne pas reconnaître ces passeports « relève clairement de l’arbitraire, de la discrimination et de l’abus de pouvoir, en ce qu’elle s’inscrit en opposition frontale à la législation française elle-même », a-t-il pointé, qualifiant cette déclaration de « politiquement marquée » et de « légalement contestable, car sans fondement aucun du point de vue du droit français ».
Le responsable de la diplomatie algérienne a aussi précisé que les passeports visés par la décision de Bruno Retailleau sont « délivrés à la demande des préfectures françaises elles-mêmes, comme documents de référence indispensables à l’établissement des titres de séjours ». Et de conclure qu’« en conséquence, une non-reconnaissance de ces documents, comme annoncé par le ministre français de l’Intérieur, constituerait tout autant une violation de droits individuels et un autre manquement aux engagements bilatéraux de la France ».