Escalade dans le Nord-Kivu : la RDC rompt ses relations avec le Rwanda
La RDC a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Rwanda, qu’elle accuse de soutenir la percée militaire des rebelles du M23 dans l’est du pays.
La République démocratique du Congo (RDC) a annoncé le 25 janvier rappeler «avec effet immédiat» ses diplomates à Kigali, la capitale du Rwanda, et a demandé aux autorités rwandaises de rappeler les siens de Kinshasa dans un «délai de 48 heures», marquant la rupture des relations entre les deux pays voisins, sur fond d’intensification des combats dans l’est de la RDC entre l’armée congolaise (FARDC) et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
Dans une lettre adressée par le ministère congolais des Affaires étrangères à l’ambassade du Rwanda à Kinshasa, la RDC informe du rappel de ses diplomates à Kigali et «demande aux autorités rwandaises compétentes de tirer toutes les conséquences de cette décision en cessant, dans un délai de 48 heures, toutes les activités diplomatiques et consulaires» dans le pays. Dans la foulée, le Rwanda a annoncé avoir «évacué» son dernier diplomate en poste à Kinshasa.
Ces derniers jours, le M23 a réalisé une percée face à l’armée du gouvernement de Kinshasa dans la province du Nord-Kivu, les médias locaux faisant état d’affrontements brutaux qui ont provoqué des dizaines voire des centaines de victimes. Selon les derniers rapports de presse, les rebelles auraient encerclé presque complètement la capitale de cette province, Goma, qui compte un million d’habitants et au moins autant de déplacés.
Face à cette escalade, l'ambassade de Russie en RDC a «fortement recommandé» aux citoyens russes de ne pas se rendre dans la province du Nord-Kivu, demandant à ses ressortissants sur place de «quitter la région dès que possible». Les ambassades américaine, allemande et française ainsi que le ministère des Affaires étrangères britannique ont aussi appelé leurs ressortissants à quitter Goma, désormais encerclée par les combats.
De son côté, la Mission des Nations Unies en RDC (Monusco), qui appuie l’armée de la RDC, a annoncé le 25 janvier la «relocalisation temporaire» de son personnel «non essentiel» stationné à Goma. «Cette mesure vise à garantir la sécurité du personnel tout en maintenant les opérations essentielles de l’ONU dans la province», a précisé le bureau du porte-parole de la Monusco dans un communiqué de presse.
Réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU
Réclamée par Kinshasa, la réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU prévue le 27 janvier sur les combats dans l’est de la RDC a été avancée à ce 26 janvier, compte tenu de l’escalade des hostilités et de l’évolution rapide de la situation. Le président Félix Tshisekedi avait réclamé auparavant des sanctions internationales contre le Rwanda en raison de son soutien militaire aux rebelles du M23.
Le 23 janvier, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné la nouvelle offensive lancée par le M23, appelant le groupe rebelle à «cesser immédiatement son offensive», à «se retirer de toutes les zones occupées» et à «respecter l'accord de cessez-le-feu du 31 juillet 2024». L’envoyée spéciale de l’ONU en RDC et responsable de la Monusco, Bintou Keita, avait condamné depuis début janvier l’expansion territoriale des rebelles.
Alors que l’armée de la RDC (FARDC) tente de contenir les rebelles, les efforts diplomatiques, tels que le processus de Luanda, peinent à produire des résultats concrets face à l'absence de coopération du Rwanda. Ce dernier, accusé de soutenir logistiquement et militairement le M23, a refusé de participer à une réunion tripartite le 15 décembre dernier, censée établir une feuille de route vers la paix.
Les autorités de la RDC accusent le Rwanda de soutenir le M23 en lui fournissant des armes et en déployant des troupes dans la province du Nord-Kivu. Kigali nie cela, affirmant ne prendre que des mesures défensives, et accuse à son tour Kinshasa de soutenir les militants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
La RDC est confrontée depuis plusieurs années à une guerre ravageuse provoquée par la rébellion du M23, actif au Nord-Kivu, dans l’est du pays. Le groupe armé a été créé en 2012 par des officiers entrés en rébellion contre le gouvernement central.