Guerre civile au Soudan : l’Égypte dément avoir mené des frappes aériennes contre les Forces de Soutien Rapide
© UNICEF
Opposées aux Forces armées soudanaises dans une guerre civile qui ravage le Soudan depuis avril 2023, les Forces de soutien rapide (FSR) accusent l’Égypte d’avoir mené des raids aériens contre ses positions, et l’Ukraine d’avoir fourni des mercenaires au camp rival. Le Caire dément. Silence radio à Kiev.
L'Égypte a démenti ce 10 octobre les «allégations» du chef soudanais des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo, selon lesquelles elle aurait mené des frappes aériennes au Soudan contre ses forces lors des combats en cours dans le pays.
«Bien que la République arabe d’Égypte rejette ces allégations, elle appelle la communauté internationale à vérifier les preuves qui corroborent les propos du commandant de la milice de soutien rapide», déclare un communiqué publié par le ministère égyptien des Affaires étrangères.
Dans une vidéo de 40 minutes, publiée la veille, le général Daglo avait accusé l'Égypte d'être impliquée dans des frappes aériennes sur des positions tenues par ses troupes depuis juin dernier. Il a également accusé Le Caire de fournir des avions et des drones aux Forces armées soudanaises.
«Ces allégations interviennent au moment où l'Égypte déploie des efforts concertés pour mettre fin à la guerre, protéger les civils et faciliter l’aide humanitaire destinée aux personnes touchées par la guerre en cours au Soudan», a ajouté la diplomatie égyptienne dans son communiqué.
Le Soudan est plongé depuis avril 2023 dans une guerre civile opposant les Forces armées soudanaises, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux Forces de soutien rapide du général Mohamed Hamdane Daglo. Ce conflit a fait près de 15 000 morts, annonçait l'ONU en avril, et provoqué une crise humanitaire majeure.
Des «bombes de fabrication américaine» et des «mercenaires ukrainiens»
Dans le détail, le général Mohamed Hamdane Daglo a accusé Le Caire d’avoir bombardé les positions des FSR, précisément à Jebel Moya, dans l’État de Sennar, au centre du Soudan, assurant détenir les preuves de cette «agression».
Selon lui, l’Égypte a également fourni aux Forces armées soudanaises «huit avions de guerre» ainsi que des «bombes de fabrication américaine».
Le chef des FSR a par ailleurs accusé l’Ukraine d’avoir envoyé des mercenaires au Soudan pour combattre aux côtés de l’armée rivale et d’avoir mené des attaques, notamment de drones, contre les Forces de soutien rapide. Contrairement au Caire, Kiev n’a pour l'heure pas démenti ces accusations.
Le 6 septembre dernier, des enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU avaient recommandé un embargo sur les armes au Soudan et le «déploiement sans délai» d’une force «indépendante et impartiale» afin de «protéger les populations civiles». Des recommandations rejetées «dans leur intégralité» par le ministère soudanais des Affaires étrangères.
Selon l'ONU, la guerre civile au Soudan, qui a provoqué le déplacement de plus de 11 millions de personnes à l'intérieur du pays et dans les pays voisins, a aussi provoqué une très grave crise humanitaire, ravageant les infrastructures et poussant le pays au bord de la famine.
