Sergueï Lavrov : «Pas de gel du conflit ukrainien, pas d’illusions sur l'arrivée de Donald Trump»
En répondant à une série de questions qui lui avaient été posées pendant la conférence sur le bilan de la diplomatie russe en 2024, Sergueï Lavrov s’est exprimé sur la crise ukrainienne et les perspectives des relations avec les États-Unis sous l’administration de Donald Trump.
Le ministère russe des Affaires Etrangères a publié ce 24 janvier les réponses de Sergueï Lavrov à plusieurs questions qui lui avaient été posées le 14 janvier lors de la conférence de presse tenue à Moscou pour présenter le bilan de la diplomatie russe en 2024. Le ministre russe a réitéré les positions fondamentales de la Russie sur plusieurs sujets géopolitiques majeurs. Le ministre russe des Affaires étrangères a mis en avant la nature de plus en plus complexe des relations internationales, tout en soulignant que la Russie continuait à défendre ses intérêts avec fermeté.
Critique de Kiev et de l’Occident
Sur la question ukrainienne, Sergueï Lavrov a dénoncé l'absence d'engagement concret de la part de Kiev et de ses alliés occidentaux pour une résolution pacifique. Selon lui, «malgré des discours croissants sur la nécessité de pourparlers de paix, il n'y a aucune action réelle qui montre une véritable volonté de négociation». Il a également rappelé que Volodymyr Zelensky avait interdit légalement toute négociation avec Moscou, selon un décret signé en septembre 2022.
Pour le chef de la diplomatie russe, la stratégie de l’Occident consiste à maintenir le conflit actif pour affaiblir la Russie. «Nous sommes contre un gel du conflit ou une trêve temporaire, car cela serait exploité par l’Occident pour réarmer Kiev», a-t-il affirmé. Les déclarations du ministre précisent que la Russie insiste sur des accords juridiquement contraignants garantissant l'absence de reprise des hostilités.
Sergueï Lavrov a également souligné que les négociations entamées en 2022, notamment à Minsk et à Istanbul, pouvaient servir de base pour un règlement futur, mais uniquement si elles tenaient compte des nouvelles réalités sur le terrain.
Les perspectives des relations russo-américaines sous Trump
Concernant les relations entre Moscou et Washington après l’élection de Donald Trump, le ministre s'est montré prudent. «Les relations russo-américaines sous l’administration Biden se sont dégradées à l’extrême et sont aujourd’hui au bord de la rupture», a déclaré le ministre.
Bien que le retour de Trump à la Maison-Blanche en décembre 2024 ait suscité des attentes, Sergueï Lavrov reste réaliste : «Nous ne nous faisons pas d’illusions. Lors de son premier mandat, Donald Trump a imposé des sanctions anti-russes plus nombreuses que ses prédécesseurs.» Toutefois, il a qualifié de «louable» l’objectif de Trump de relancer un dialogue direct entre Moscou et Washington.
Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que «si les Américains prennent en compte nos intérêts, le dialogue pourra se rétablir progressivement. Sinon, tout restera en l’état». Il a également insisté sur l’importance de rétablir le fonctionnement des ambassades à Moscou et à Washington pour une reprise effective des relations bilatérales.
Malgré ces signaux d’ouverture, Sergueï Lavrov a souligné que le «consensus russophobe bipartisan» aux États-Unis constituait un obstacle de taille. Pour la Russie, les promesses de Trump devront se traduire par des actes concrets, et non par des déclarations symboliques.
Cette conférence de presse annuelle s’inscrit dans un contexte international tendu. En 2024, les sanctions économiques contre la Russie se sont intensifiées, et les livraisons d'armes à l'Ukraine ont atteint des sommets. Quant à Donald Trump, de retour au pouvoir après sa victoire électorale, il a exprimé son souhait de mettre fin au conflit en Ukraine dans les 100 jours suivant son investiture. Cependant, la diplomatie russe, à l'image de Sergueï Lavrov, reste prudente quant à la capacité de Washington à respecter les intérêts de Moscou.