Il y a 80 ans, des Français combattaient du mauvais côté en Ukraine : le FSB déclassifie des archives
Le FSB a déclassifié des archives datant de la Seconde Guerre mondiale, dont un document qui évoque la destruction près de Briansk d’une unité de la Légion des volontaires français (LVF) qui combattait aux côtés de l’Allemagne nazie. Une publication qui intervient alors que les tensions sont vives entre Paris et Moscou.
Des Français, partisans du IIIe Reich, ont combattu les Russes aux côtés des Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. C’est cette page de l’histoire française que rappelle un document déclassifié par le FSB, cité ce 12 avril par RIA Novosti.
«Le 7 janvier de cette année, nous avons détruit un groupe de Français qui tentaient d'occuper une localité», indique notamment le document. L’agence de presse précise qu’il s’agit d’un rapport de Pavel Soudoplatov, agent de terrain du NKVD d’origine ukrainienne, dont il fut le patron de la 4e division (reconnaissance et sabotage derrière les lignes ennemies). Soudoplatov est également connu pour l’assassinat de Yevhen Konovalets, un des leaders de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (UVO), et pour avoir supervisé celui de Léon Trotsky.
L’officier des services secrets soviétiques relate qu’un caporal français capturé «a montré que les Allemands prévoyaient une opération majeure contre les partisans des forêts de Kletnyansky». Le document indique également que les garnisons allemandes dans la région de Briansk sont reconstituées par les Français de la «Légion des volontaires français contre le bolchevisme» (LVF) et des nationalistes ukrainiens.
Seconde Guerre mondiale : des Français de part et d’autre du front
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, environ 6 500 Français se sont portés volontaires au sein de la LVF, revêtant l’uniforme allemand et prêtant fidélité à Hitler. Sans expérience du combat, ils furent décimés au front début décembre 1941, à quelques dizaines de kilomètres de Moscou. Dès lors, les membres de la LVF demeurèrent principalement cantonnés à des missions de lutte contre les partisans dans la région de Briansk ainsi qu’à des opérations de représailles contre les civils russes aux côtés de la Wehrmacht et de la Waffen-SS. Les survivants furent plus tard, en août 1944, incorporés dans la Brigade Frankreich de la Waffen-SS puis dans la Division Charlemagne, tristement célèbre pour avoir compté parmi les derniers défenseurs du bunker d'Adolf Hitler à Berlin en mai 1945.
Si en France certains ont choisi de rejoindre les rangs de l’occupant nazi après la capitulation, d’autres ont poursuivi la lutte en combattant au sein des forces alliées. Depuis la Russie, une soixantaine de Français (pilotes et mécaniciens) ayant répondu à l’appel du Général de Gaulle ont constitué les trois escadrilles du régiment de chasse Normandie-Niémen, seule force occidentale à avoir combattu sur le front de l’Est aux côtés de l’Armée rouge.
La publication de ce document a une résonance particulière, après le refus par Emmanuel Macron d'exclure, le 26 février dernier, un déploiement de troupes occidentales en Ukraine. Les tensions sont vives depuis la mi-janvier entre Paris et Moscou, la Russie dénonçant l'implication croissante de la France en Ukraine. Le 3 avril, lors d'un entretien téléphonique avec le ministre français de la défense Sébastien Lecornu, Sergueï Choïgou a déclaré qu'un envoi de troupes françaises en Ukraine «créerait des problèmes pour la France elle-même».