Russie

Ligne directe : Vladimir Poutine fait le bilan de l'année 2023

Ce 14 décembre, le président russe tient une grande conférence de presse et une «ligne directe» avec la population dans l'émission «Bilan de l'année avec Vladimir Poutine». Le dirigeant russe répond aux questions des journalistes et des citoyens russes, qui ont déjà envoyé plus d'un million et demi de leurs questions au président.

Jeudi 14 décembre

En guise de conclusion, Vladimir Poutine a répondu à une question sur les conseils qu'il apporterait à lui-même en 2020 : «Peut-être attention à l’excès de naïveté et de crédulité à l’égard de nos prétendus partenaires [occidentaux]», a-t-il répondu d'abord, avant d'ajouter : et «croire à notre grand peuple, gage de la prospérité de la Russie».

Poutine aime Lermontov

«Mon livre de chevet ? J’ai un petit livre de Lermontov, qui était un jeune homme génial», a répondu Vladimir Poutine, évoquant ce poète russe de la première moitié du XIXe siècle.

Les fêtes de Noël

«Le plus important, ce sont les enfants et les enfants de nos enfants. Les cadeaux que l’on fait sans le vouloir», a répondu Vladimir Poutine, interrogé sur ses projets pour Noël et les présents que l’on offre.

La Russie fournit toujours en gaz l'Europe, malgré les sanctions

«Pourquoi livrons-nous à l’Europe ? Gazprom est un partenaire fiable, il respectera toujours ses obligations», a souligné Vladimir Poutine. «Nous n’avons pas fermé les vannes, ni fait exploser Nord Stream – ce sont probablement les Américains», a-t-il ajouté.

«L’économie allemande est en baisse», a noté le président Poutine, estimant dommageable pour Berlin de s’être coupé du gaz russe. «Mais Gazprom remplit ses engagements, y compris par le transit en territoire ukrainien», a-t-il poursuivi. «D’ailleurs, nous sommes payés pour cela, et l’Ukraine reçoit aussi de l’argent pour le transit.»

Interruptions volontaires de grossesse 

«L’État a intérêt à ce que le problème démographique soit résolu en faveur du maintien de l’enfant, mais les droits des femmes doivent être respectés», a déclaré Vladimir Poutine, en réponse à une question sur les IVG en Russie.

Parlant de la résolution du problème de l'avortement, Vladimir Poutine a déclaré que la société, comme l'État, «devait se souvenir de l'existence des valeurs traditionnelles». «Deuxièmement, vous devez garder à l’esprit qu’un enfant est un cadeau» et «œuvrer à l’amélioration du bien-être matériel des citoyens», a poursuivi le président russe. Les «cliniques prénatales et les hôpitaux doivent être remis en ordre», a-t-il estimé.

Poutine et le Donbass

«Je suis convaincu que nous remporterons la victoire», a déclaré Vladimir Poutine à un journaliste du Donbass, saluant le courage du peuple de la région, confronté aux bombardements des troupes ukrainiennes depuis 2014.

Les régions russes frontalières de l'Ukraine bombardées

«Je pense que les conditions d’une zone économique spéciale peuvent être réunies, je demande au gouvernement de proposer une solution», a répondu Vladimir Poutine à une femme chef d’entreprise de la région de Chebekino, frontalière de l’Ukraine et régulièrement bombardée par les troupes de Kiev.

Développement de l'intelligence artificielle

«L’intelligence artificielle ne doit pas nous effrayer», a déclaré Vladimir Poutine, estimant qu’il était «impossible» d’empêcher son développement.

«Il faut être parmi les leaders en la matière», a poursuivi le président russe, qui a toutefois estimé qu’à l’avenir des accords internationaux encadrant l’IA pourraient être envisagés.

Relations entre l'Arménie et l'OTSC

Interrogé sur l’absence de représentants d’Erevan lors du dernier sommet de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), le président russe a estimé que l’Arménie demeurait souveraine de prendre part aux différentes organisations eurasiatiques.

«Je ne pense pas que dans l’intérêt de l’Arménie, il soit avantageux de cesser sa participation à ces organisations eurasiatique, mais c’est le choix de l’État», a toutefois estimé Vladimir Poutine. Ce dernier a rappelé le «processus complexe» autour du Haut-Karabagh qui mine les relations entre Moscou et Erevan. Le Premier ministre arménien rejette la responsabilité de la perte par la population arménienne de ce plateau disputé sur la Russie et son contingent de soldats de la paix qui, selon lui, auraient laissé faire Bakou.

«Ce n’est pas nous qui avons renoncé au Haut-Karabagh, c’est l’Arménie qui a reconnu que le Haut-Karabagh faisait partie du territoire de l’Azerbaïdjan», a déclaré le président russe.

Poutine et Macron

«Ce n’est pas moi qui ai coupé les relations avec Monsieur Macron», a déclaré Vladimir Poutine, rappelant avoir eu de bonnes relations avec le président français par le passé. Se disant prêt à «reprendre des contacts », le dirigeant russe a néanmoins ajouté : «Si la France ne veut pas nous parler, c’est son choix, nous nous débrouillerons.»

Un regain d’antisémitisme, de racisme et de russophobie

«Les derniers sondages montrent que 96% des citoyens russes considèrent l’entente interconfessionnelle comme un élément extrêmement important vis-à-vis des autres pays», a répondu Vladimir Poutine à RT.

«En ce qui concerne le regain d’antisémitisme, de racisme et de russophobie, oui nous notons une croissance, c’est vrai », a-t-il observé.

«Les gens sont confrontés à une forme d’injustice», a estimé le président Poutine, enjoignant son interlocuteur à regarder «ce qu’il se passe à Gaza» et regrettant l’augmentation de personnes «qui pensent de manière radicale », due selon lui à la politique menée «par certaines élites», critiquant là la mainmise de Washington sur le Moyen-Orient. «Pendant des décennies la résolution du conflit israélo-palestinien n’a pas été trouvée», suscitant ainsi un sentiment d’injustice, a jugé le président russe.

«Nous pratiquons une politique extérieure équilibrée, nous faisons ce que nous pouvons pour parvenir à une justice sur ce plan-là», a-t-il fait valoir. Évoquant ensuite la russophobie, «nous devons couper court à toute tentative de semer la division dans notre pays», a-t-il ajouté.

Le président Vladimir Poutine a révélé que l'armée russe comptait 617 000 soldats dans la dans la «zone des hostilités», fournissant pour la première fois une estimation précise des forces actuellement engagées contre l'Ukraine.

Alliance atlantique

«Qu’est-ce que l’OTAN a à faire dans le Pacifique ?», a fustigé Vladimir Poutine, dénonçant la logique de blocs de l’Alliance atlantique et ses déclarations hostiles à l'égard de la Chine. «Ils essaient de faire une amitié contre les autres», a-t-il ajouté.

L’aviation civile russe face aux sanctions occidentales

Répondant à un élève pilote, Vladimir Poutine a estimé que les entreprises russes avaient acheté sans limitation «trop d’avions étrangers», pour des raisons «qui s’expliquent», notamment d’économies d’échelle.

Un nouveau marché émerge «sur la base du matériel de fabrication russe», a-t-il affirmé, saluant le travail des compagnies aériennes qui ne cèdent pas «aux pressions».

Notant que de nombreux appareils étaient actuellement loués, le président Poutine a souligné qu’une part de ces avions seraient rachetés. Par ailleurs, 1 000 avions seront ajoutés aux capacités aériennes russes d’ici 2030.

Sommet des BRICS à Kazan

«Le Tatarstan se développe très bien», a commenté Vladimir Poutine, citant les constructions nouvelles en 20 ans dans cette République qui accueillera en 2024 le sommet des BRICS. «Kazan a organisé des rencontres internationales politiques ou sportives», a-t-il ajouté. «Le Tatarstan est une République multiculturelle et multiconfessionnelle, c’est un bon exemple pour le reste du pays», a-t-il salué.

Inflation des biens de consommation

«Les citoyens ont un problème», a déclaré le président russe, répondant à la question d'une retraitée. Le prix des volailles et des œufs a augmenté de 40%, a-t-il relevé. «Il y a une augmentation des salaires et du coût du travail, la demande a augmenté, mais non le volume de production», a expliqué Vladimir Poutine.

«Il y a quelques semaines, le ministre de l’Agriculture m’a fait part de ses décisions, nous travaillons dessus», a-t-il rapporté. «Nous n’avons pas ouvert assez grandes les portes aux importations, je promets que la situation va s’améliorer rapidement», s’est-il engagé, indiquant avoir reçu «des propositions de Biélorussie ou de Turquie».

La Russie soutenue dans le monde en dépit des discours dominants

«Je sais qu'en Allemagne, mais pas seulement, en Europe, aux États-Unis, beaucoup de gens pensent que [les Russes] n’ont pas peur de se battre pour leurs intérêts nationaux. Une énorme quantité de gens nous soutiennent dans le monde, parce que nous défendons nos valeurs traditionnelles. Ce nombre augmente de manière importante», a estimé Vladimir Poutine.

L'indexation au dollar limite l'aide sociale d'un État

«L’indexation au dollar entraîne toujours des difficultés », a estimé Vladimir Poutine, en évoquant la situation économique argentine.

Le gouvernement russe, au contraire, «s’en sort bien», s’est-il félicité. «Nous remplissons toutes nos obligations sociales envers les habitants», même si quelques manques, «çà et là», sont signalés, a admis Vladimir Poutine.

«S’il n’y a pas de monnaie nationale», cela conduit à de fortes coupures dans les domaines sociaux, a-t-il poursuivi. «Tout projet devient difficile dans le domaine de la stabilité intérieure.»

Les vétérans des SMP russes doivent bénéficier du soutien de l'État

«Il n’y a pas de société militaire privée en Russie, ce n’est pas permis par la loi», a expliqué Vladimir Poutine, répondant à un ancien volontaire dans l’une de ces unités ne parvenant pas à obtenir le statut de vétéran.

«Je connais des personnes qui ont donné leur vie pour la patrie, leurs droits doivent être respectés, ils ont droit à tous les avantages sociaux, soutiens de la part de l’État», a déclaré le président russe.

L'équipe olympique russe bannie des JO de Paris

«Le sport, c’est la paix», a estimé Vladimir Poutine, regrettant la décision du Comité international olympique de discriminer les athlètes russes aux JO de Paris.

«Le mouvement olympique unit [en principe] les gens», mais «les fonctionnaires internationaux sont trop dans le business, ils s’occupent trop du coût de la publicité à la minute, s’ils continuent comme ça ils vont enterrer l’idée même de l’olympisme», a-t-il dénoncé.

Vladimir Poutine a noté que rien n’avait été acté contre les athlètes israéliens, en dépit de ce qu’il se passe à Gaza, mais qu’il ne soutiendrait pas une telle mesure à leur encontre.

Conflit à Gaza

«Il faut créer les conditions pour une paix à long terme» entre Israéliens et Palestiniens. Moscou plaide depuis le mois d’octobre pour un cessez-le-feu et la création d’un État palestinien.

«Il n’y a pas de comparaison entre ce qui se passe à Gaza et en Ukraine», a fait remarquer Vladimir Poutine : Antonio Guterres a parlé de Gaza comme du «plus grand cimetière d’enfants du monde».

Vladimir Poutine a évoqué la possibilité de créer un hôpital russe à Gaza, rapportant avoir consulté le président égyptien et le Premier ministre israélien à ce sujet.

Opération militaire russe en Ukraine

Le président russe a estimé que la contre-offensive estivale de Kiev avait échoué. «Le front fait à 1 200 km de long» et les unités russes «améliorent leurs positions», a jugé Vladimir Poutine. «À tous les niveaux il y a une amélioration.»

«Aujourd’hui, les autorités de Kiev essaient d’obtenir des fonds supplémentaires pour maintenir le pays en guerre», a décrit le chef de l’État russe. «Je pense que c’est idiot et irresponsable de la part de l’élite politique ukrainienne», a-t-il ajouté.    

Concernant l’avenir des nouvelles régions russes, celles de Kherson, Zaporojié, Donetsk et Lougansk : 1 000 milliards de roubles sont prévus pour le développement de ces territoires, et pour «les intégrer au tissu social de la Russie».

Relations entre la Russie et l'Europe

Évoquant la normalisation des relations avec l’Europe, Vladimir Poutine a estimé que les membres de l’UE avaient «toujours essayé de nous pousser à l’arrière-plan, en niant leurs propres intérêts».

Les Occidentaux «ont fait un coup d’État» en Ukraine en 2014, contraignant peu à peu la Russie à intervenir. «À la base, la Russie et l’Ukraine sont un seul peuple, nous avons une guerre civile entre deux peuples frères de chaque côté de la barricade», a-t-il regretté. «On a inventé des délires historiques», alors que de nombreuses terres aujourd’hui ukrainiennes sont historiquement russes. «Tout le monde sait très bien qu’Odessa est une ville russe», a-t-il insisté.

«Nos petits Américains [ont causé ce conflit] et les Européens ont fait comme s’ils n’étaient au courant de rien», a estimé Vladimir Poutine. «Ils ont perdu leur propre souveraineté, ils prennent des décisions contraires à leurs propres intérêts et continuent de le faire».

Les exceptions sont rares, mais Vladimir Poutine a évoqué les contre-exemples de Viktor Orban en Hongrie ou de Robert Fico en Slovaquie, qui selon lui «défendent leur pays».

«Nous sommes prêts» à des relations profitables avec les pays d’Europe, a toutefois conclu le président russe.   

Les objectifs de la Russie en Ukraine n'ont pas changé

La paix aura lieu «quand nous aurons atteint nos objectifs», a déclaré Vladimir Poutine, indiquant que les objectifs n’avaient pas changé : la dénazification de l’Ukraine, sa démilitarisation et l’obtention de son statut neutre.

«Au cours des négociations qui se sont déroulées [à Istanbul, en mars 2021], les autorités de Kiev n’étaient pas d’accord qu’il fallait une dénazification». Vladimir Poutine a fustigé la participation de Volodymyr Zelensky à un événement au Canada où un vétéran Waffen SS a été ovationné, dénonçant une «glorification du nazisme».

Le dirigeant russe a salué les 40 nouveaux héros de la Fédération de Russie, et les efforts des 244 000 hommes aujourd’hui sur le front.  

Stabilité du système économique et financier russe

Commentant dès les premières minutes la situation économique du pays, Vladimir Poutine a salué la solidité de la société russe et la stabilité du système économique et financier, qui a étonné «la plupart de nos partenaires». «La Russie a accumulé une stabilité et des forces» et «étendu ses capacités de défense», a-t-il ajouté.

«La croissance du PIB devrait être de 3,5% pour l’année», a détaillé le président russe, comparant cet indicateur aux 2,1% de croissance enregistrés en 2022. «C’est un pas en avant qui est significatif», s'est-il félicité.

Au niveau de l’inflation, celle-ci devrait s’élever à «près de 8%» en 2023. Une hausse similaire à celle des salaires qui, en valeur réelle, ont augmenté de 7%.

«Ce qui est particulièrement réjouissant c'est la croissance de la production manufacturière de 7,5% par an, nous n'avons pas eu cela depuis longtemps», a par ailleurs souligné le président russe, ajoutant que les investissements en Russie étaient également en hausse de 10%. «la croissance de l'industrie et du PIB est évidente» a insisté le chef d'Etat.

Sur le front du chômage, celui-ci s’élève «à 2,9%, on n’a jamais eu cela dans notre histoire», a déclaré Vladimir Poutine. Quant au salaire minimum, celui-ci augmentera de 18% en 2024.

Bilan de l'année du président Poutine

Journalistes et participants attendent le début de la «ligne directe» et de la grande conférence de presse du président russe Vladimir Poutine, ce 14 décembre.

Ce 14 décembre a lieu le marathon médiatique annuel de Vladimir Poutine. Lors de l’émission télévisée «Bilan de l’année avec Vladimir Poutine», le président russe répondra aux questions de journalistes ainsi que de citoyens russes. La dernière édition de ce rendez-vous remonte à 2021 et avait duré près de 4 heures. Le chef d’Etat avait répondu à 70 questions, allant de la vaccination contre le Covid à la politique étrangère en passant par la politique sociale et l’inflation.