Russie

Russie-Europe : «Nous n’avons pas gâché cette relation», estime Poutine

Interrogé sur la normalisation des relations entre la Russie et les Européens, le président russe a dénoncé le suivisme de ses voisins occidentaux vis-à-vis des États-Unis. Il a par ailleurs expliqué la maintien de la fourniture de gaz russe en dépit de l'hostilité européenne : «Gazprom est un partenaire fiable», a-t-il fait valoir.

«Nous n’avons pas oublié» : lors de son grand oral annuel devant la presse et les Russes ce 14 décembre, Vladimir Poutine s’est montré sévère à l’encontre des Européens. S’il s'est dit favorable à une normalisation des relations avec ces derniers, le président russe a souligné qu’une telle volonté devait être réciproque.

«La normalisation des relations ne dépend pas seulement de nous», a-t-il répondu à une journaliste qui l’interrogeait sur un possible retour à la situation antérieure avec les Européens. «Nous n’avons pas gâché cette relation. Ce sont les relations avec nous qui ont été gâchées», a poursuivi Vladimir Poutine, reprochant à ses voisins de l’Ouest d’avoir «toujours essayé» de pousser la Russie «à l’arrière-plan, en niant leurs propres intérêts».

«L’Europe ne dit rien et se contente de hocher la tête»

Le chef de l'État russe est revenu sur l’enchaînement des événements ayant conduit au conflit ukrainien, notamment le «mouvement permanent de rapprochement» de l’OTAN des frontières russes et les «événements sanglants du Donbass pendant huit ans». «Tout cela a mené à la tragédie que nous vivons aujourd’hui, nous avons été forcés de réagir», a insisté le président russe.

Vladimir Poutine s'est de surcroît attardé sur l’accord de transition, signé le 21 février 2014 entre l’opposition et le président Viktor Ianoukovitch ainsi que trois ministres européens : le Polonais Radoslaw Sikorski, l'Allemand Frank-Walter Steinmeier et le Français Laurent Fabius. «Ils se sont mis d’accord que tout allait se régler de manière pacifique, deux jours après un coup d’État a eu lieu alors qu’ils auraient pu attendre les élections», a fustigé le président russe. «Ils ont voulu mettre un point final pour créer un conflit», accuse-t-il.

«Qui a fait cela ? Ce sont nos petits Américains» poursuit le président russe «et les Européens ont fait comme s’ils n’étaient au courant de rien», a estimé Vladimir Poutine. «Quand les États-Unis veulent réorganiser tout cela, l’Europe ne dit rien et se contente de hocher la tête», a-t-il poursuivi. «Alors comment construire une relation avec eux ?», poursuit-il, avant d’insister : «Nous sommes pour, nous n’avons rien rompu.»

Les Européens «ont perdu leur souveraineté»

Pour Vladimir Poutine, les Européens «ont perdu leur souveraineté». «Beaucoup de décisions sont prises à l’encontre de leurs propres intérêts et ils continuent de le faire», développe le dirigeant russe.

«Beaucoup d’acteurs européens se comportent aujourd’hui, de façon extérieure, comme le général de Gaulle qui s’est battu pour les intérêts de la France les armes à la main, mais se comportent en pratique comme le maréchal Pétain» qui, «bien que héros de la Première Guerre mondiale», s’est «soumis à la volonté de l’occupant» durant la seconde, assure Vladimir Poutine.

«Ils se conduisent tous de la même façon», regrette-t-il, «à l’exception de quelques personnes isolées, comme Robert Fico en Slovaquie, Viktor Orban en Hongrie. Ce n’est pas une question d’être prorusse, ils défendent les intérêts nationaux de leurs pays». «À part eux, il n’y en a pas, il n’y en a tout simplement pas», insiste le président russe.

Répondant plus tard à une question de TF1 sur Emmanuel Macron, Vladimir Poutine a rappelé que les relations entre la Russie et la France étaient  «assez bonnes», avant que le président français ne mette fin «aux relations avec nous». Se disant prêt à «reprendre des contacts », le dirigeant russe a néanmoins ajouté : «Si la France ne veut pas nous parler, c’est son choix.»

La Russie fournit toujours en gaz l'Europe

«Gazprom est un partenaire fiable, il respectera toujours ses obligations», a par ailleurs souligné Poutine, expliquant la fourniture ininterrompue de gaz à l'Europe par la Russie. «Nous n’avons pas fermé les vannes, ni fait exploser Nord Stream – ce sont probablement les Américains», a-t-il ajouté. 

A contrario, «l’économie allemande est en baisse», a noté le président Poutine, estimant dommageable pour Berlin de s’être coupé du gaz russe. «Mais Gazprom remplit ses engagements, y compris par le transit en territoire ukrainien», a-t-il poursuivi. «D’ailleurs, nous sommes payés pour cela, et l’Ukraine reçoit aussi de l’argent pour le transit.»

Pour la 18e fois depuis 2001, le président russe a répondu aux questions de journalistes et de citoyen russes lors d’un marathon médiatique de plusieurs heures.