Stéphane Rozès : «Avec la crise pandémique, nous entrons dans une période d’insécurité systémique»

Stéphane Rozès : «Avec la crise pandémique, nous entrons dans une période d’insécurité systémique»© REUTERS/Gonzalo Fuentes
Des passants portant un masque devant l'Arc de triomphe, le 25 janvier 2021 (image d'illustration).
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Face à la crise sanitaire et économique, les sociétés occidentales, convaincues de l’indépendance de l’Homme vis-à-vis de la nature et de sa maîtrise sur elle, se sont montrées moins résilientes que d'autres, analyse Stéphane Rozès pour RT France.

RT France : La France subit la crise sanitaire depuis plus d’un an, quel bilan tirez-vous de cette période ?

Stéphane Rozès : Cette pandémie va avoir des effets structurants pour les communautés humaines. Toutes ont fait prévaloir les impératifs de la guerre sanitaire, le «quoi qu’il en coûte» sur la prospérité ou survie économique… C’est un enseignement sur ce qui constitue les peuples, les agit.

Mais les sociétés occidentales ont montré leurs plus grandes fragilités à travers la remise en cause de l’idée que l’Homme serait «comme maître et possesseur de la nature» pour reprendre la formule de Descartes. Cette idée signifie que c’est l’Homme qui construit son avenir.                                                  

En France, cela se fait via la centralité du Politique, de la Raison et du Progrès. La phrase présidentielle apparemment anodine «le maître du temps, c’est le virus malheureusement» alors que ce devrait être justement lui, l’incarnation de la nation est en fait lourde de conséquences psycho-politiques singulièrement pour notre pays. Il a raison objectivement mais tort politiquement de le dire, comme en son temps le candidat Jospin à la présidentielle disant «l’Etat ne peut pas tout.»                

Notre dépression record dans le monde venait de ce que la globalisation économique, financière et numérique néolibérale semblait échapper au politique et que l’Etat dans ses façons d’être, de faire, et ses politiques se retournait contre la nation. L’avenir devenait contingent, les risques écologiques, géopolitique, le terrorisme islamiste et séparatiste rôdaient. Avec les crises pandémiques, nous entrons dans une période d’insécurité systémique.

RT France :  Les pays ont-ils répondu si différemment à la crise ?

Stéphane Rozès : Oui pour des raisons culturelles. Déjà selon les imaginaires des différentes civilisations. En Orient, il s’agit pour l’Homme, non d’être en surplomb de la nature, de la maitriser, mais d’être en harmonie avec elle. En Orient, il s’agit pour l’Homme, non d’être en surplomb de la nature, de la maitriser, mais d’être en harmonie avec elle. En Chine et au Japon par exemple «nature» veut dire : ce qui est «autonome». L’homme oriental est moins déstabilisé par ces incursions. En Afrique les attitudes sont, du fait du rapport au cosmos, à l’espace et au temps assez similaires.

Cela explique la grande propension et acceptabilité en Asie de recourir à des mesures draconiennes qui ne semblent pas imposées par un pouvoir politique, et le recours à l’utilisation de masse de l’outil numérique auquel on peut s’adapter sans interrogations métaphysiques ou démocratiques. Les innovations y sont au service de l’adaptation harmonieuse des sociétés au cours des choses.       

En Afrique, cela explique que la crise pandémique n’a pas eu, contrairement à ce qu’anticipait le Quai d’Orsay, d’effets politiques défavorable pour les gouvernants. Depuis toujours, on vit au sein de la nature.

En Occident, notamment en Europe, et a fortiori en France, les innovations médicales et numériques doivent être auparavant encadrées par la construction d’une idée du progrès faisant l’objet de débats et décisions politiques car c’est ce qui nous tient ensemble. Au sein même des pays occidentaux, chaque pays a mené sa guerre contre la Covid-19 selon sa singularité historique, culturelle et politique. En France on s’est retourné vers un Etat affaibli qui s’est révélé défaillant avec des gouvernants sans ancrage culturel dans notre nation et donc sans visées stratégiques. L’Allemagne et l’Italie ont recouru à des réponses régionales, les pays du Nord marqués par le protestantisme ont misé sur la discipline individuelle et comme en Outre-Rhin, on y a vu des manifestations de refus de solutions imposées par le haut. L’Angleterre, après un retard, avec sa souveraineté recouvrée a agi avec pragmatisme dans une splendide solitude souveraine à travers une campagne de vaccination très volontariste, de même que son plan ambitieux plan de relance comme les Etats-Unis, biens supérieurs à ceux de l’Union européenne. Israël s’appuyant sur son modèle a été la plus volontariste et efficace en matière de campagne de vaccination.

Au total face à la crise sanitaire, les pays qui auront été les plus efficaces ou dont les populations auront le moins souffert psycho-politiquement sont ceux dont la cohérence entre leurs façons d’être et de faire, leurs imaginaires, les institutions et politiques menées auront été le plus en cohérence.

De ce point de vue, la France fait partie des pays qui auront le plus dysfonctionné.

Au plan mondial, le fait que la Chine ressorte de cette épreuve planétaire renforcée au moment où son PIB va dépasser celui des Etats-Unis et va asseoir son hégémonie n’a pas seulement des causes économiques mais aussi culturelles. (1)

RT France : Comment expliquer que les citoyens consentent à restreindre leurs libertés ?

Stéphane Rozès : Ce qui fait que l’on s’assemble en ethnies, peuplade, peuples, nations ou empires est d’affronter collectivement son destin. Face au danger sanitaire, comme lors des guerres, les libertés collectives, celles qui définissent le vivre-ensemble, prévalent sur les libertés individuelles. Le politique prévaut sur les libertés économiques. C’est le politique qui décide d’arrêter l’économie et de faire vivre un temps la société sous réanimation artificielle «quoi qu’il en coute», mais cela met les sociétés dans un état de dépendance à l’égard de l’Etat et momentanément à l’égard du souverain.

Certains s’étonnent de la façon dont les Français se plient aux différents confinements. Les pays à tradition protestante, comme dans les pays du Nord, sont plus rétifs que les pays à tradition latine comme l’Europe du Sud. En effet, l’individuation est très poussée dans les pays protestants du Nord, là où on noue un rapport direct au salut – propre aux sociétés protestantes – contrairement aux traditions d’Europe du Sud, très marquées pour leur part par la loi sur un plan vertical et ordonné.

Mentalement, psychologiquement, politiquement, les sociétés occidentales rentrent dans un état d’incertitude généralisée

C’est sans doute une nouvelle période historique qui s’ouvre. Mentalement, psychologiquement, politiquement, les sociétés occidentales rentrent dans un état d’incertitude généralisée. Au départ, il fallait lutter contre la pandémie pour revenir ensuite à la priorité de la relance économique. Maintenant, avec des crises pandémiques à rebonds, les gouvernants et sociétés doivent faire face à une lutte parallèle, celle contre la pandémie et, en même temps, celle visant à essayer de préserver l’économie telle qu’elle est. C’est ce qui fait la différence d’attitude des Français entre le premier moment du confinement où les choses étaient simples et collectivement bien acceptées et ce moment d’incertitude généralisée.

Les sociétés dépressives avant la pandémie, comme la France, s’en sortent le plus mal avec des gouvernants qui font non seulement des erreurs – même si tous les gouvernants font des erreurs face à une pandémie difficile – avec le sentiment que, décidément, les gouvernants ne sont pas notre émanation. A l’inverse, au Royaume-Uni, Boris Johnson a pu faire de graves erreurs sur la pandémie mais il n’y a pas d’Anglais qui pensent que Boris Johnson n’est pas l’émanation des Anglais. Or, il y a de tels reproches à l’égard du président Emmanuel Macron.

RT France : Pourquoi y aurait-il ce reproche puisqu’Emmanuel Macron a été élu et qu’il a obtenu une majorité aux élections législatives en 2017 ?

Stéphane Rozès : Le président Macron a bien entendu été élu légalement et a été considéré comme légitime pour réformer. Mais le discrédit actuel du président ne tient pas seulement à ses erreurs. La chancelière Merkel vient de demander pardon aux Allemands pour les siennes. En matière pandémique, ces dernières se chiffrent en morts chiffrables. C’est que le président n’a pas semblé maître de ses décisions, or devant le Congrès, sitôt élu, il avait dit : «Le premier mandat que m’ont confié les Français est de restaurer la souveraineté de la nation», or sa décision d’interdiction un temps d’AstraZeneca, injustifiable sanitairement a semblé être à la remorque de Berlin.

Le «en même temps» présidentiel n’est pas la marque du pragmatisme qui prévaut dans les pays à la culture anglo-saxonne, il apparaît pour les Français comme un détournement de l’idée d’intérêt général qui est justement le dépassement par le politique des contradictions des Français.

Le président semble osciller entre la nation qui l’a élu et en même temps un Etat néolibéral, entre la France et en même temps Bruxelles et Berlin, entre l’intérêt général et en même temps des intérêts privés.

Or, la nation française, pour déployer son génie, doit au contraire se projeter dans un projet politique, sinon elle régresse, elle décline, comme en ce moment. Pour expliquer que nous soyons les plus dépressifs dans les pays développés alors même que notre taux de pauvreté et d’inégalités est le moins dégradé de ces pays, il ne faut non pas y voir des raisons économiques et sociales – comme le pensent les libéraux ou des marxistes vulgaires – mais des raisons culturelles. Pour rassembler le peuple français dans sa diversité, voire ses contradictions sociales, il faut le projeter dans un projet politique commun dans l’espace et le temps.

Emmanuel Macron s’est fait élire en disant que le principal problème était le système politique et non les Français, proposant de fait de le réformer, avec la mise en place d’un nouveau monde. Sauf que la crise du système politique n’est pas la cause de notre malheur mais l’effet de notre malheur. Notre malheur vient de la contradiction entre une nation française qui a un imaginaire projectif politique et un Etat qui demande, au contraire, à la nation d’intérioriser des règles économiques venant de Bruxelles, au nom de la construction européenne. Et c’est cette contradiction-là qui est la cause du dérèglement du système politique et de notre crise démocratique. Ce n’est pas une crise de la représentativité mais une crise de la représentation, c’est-à-dire une crise de la souveraineté populaire et nationale.

RT France : Pour vous, la nation a-t-elle conscience de cette rupture-là ?

Stéphane Rozès : Je dirais plus précisément qu’elle la ressent. Elle n’en a pas vraiment conscience car l’imaginaire français fait que les Français – quelles que soient leurs orientations politiques – pensent que le haut fait le bas. Il y a un problème cognitif chez nous du fait de notre imaginaire. D’où l’incompréhension des Français de comprendre le mal dont ils sont atteints. Comme ils sont cartésiens, ils pensent en que l’esprit est séparé du corps et que l’esprit fait le corps. Ils pensent que c’est l’Etat qui fait la nation. Ils pensent que la raison fait le réel, que le sommet fait la base … Or c’est l’inverse qui nous anime.

RT France : D’où une certaine résignation chez les Français ?

Stéphane Rozès :  Oui, la capacité au consentement et à la servitude volontaire est très élevée chez nous, jusqu’à ce que tout bascule… S’il y a une alternative, toujours sous forme de dépassement.

Il y a à la fois une arrogance et une prétention au sommet de l’Etat, chez les classes dirigeantes, de penser que non seulement ils comprennent la France mais aussi qu’ils sont la France. La très grande capacité du peuple français à consentir à un tel état fait qu’il est plus dans un état de dépression que dans la Révolution par exemple. Quand arrive le mouvement des Gilets jaunes, la plupart des dirigeants – que ce soient le président Emmanuel Macron ou ceux qui ont vu dans les Gilets jaunes une aubaine – n’ont pas compris que les Gilets jaunes étaient une jacquerie. Ce n’était pas une Révolution. Emmanuel Macron aurait ainsi dû tout de suite recevoir les Gilets jaunes à l’Elysée. La pancarte des Gilets jaunes «Macron nourrit ton peuple» montre par exemple que s’est nouée immédiatement avec cette jacquerie, avec un point de départ fiscal et social, la question de la souveraineté. Macron est ici vu comme le représentant de la nation et non pas le représentant d’une oligarchie que l’on ne maitrise pas. C’est remettre le seigneur à la hauteur de ses devoirs et de ses charges.

RT France : N’avons-nous pas l’impression, avec cette pandémie, que ce n’est pas la France qui dicte sa politique sanitaire et son destin mais qu’elle subit des décisions extérieures, par exemple Bruxelles pour l’achat de vaccins ou l’Allemagne lorsqu’il s’agit d’arrêter temporairement la vaccination avec l’Astrazeneca ?

Stéphane Rozès : C’est ce qui déstabilise les Français. D’une part, avant les vaccins, on a vu l’état de notre appareil sanitaire, lié aux règles comptables avec la réduction de lits. Comme si l’Etat était une entreprise qui devait être dans une pensée de zéro stock tels les masques. Les Français, ébahis, ont découvert l’état de délabrement de notre système sanitaire après quelques années de pensées politiques néolibérales au sommet de l’Etat. D’autre part, les Français constatent le fait que la France ne semble plus maîtresse de ses grands choix, aussi importants que soit la politique de santé.

Le président Emmanuel Macron, dès qu’arrive la crise, a des paroles fortes sur le retour de la souveraineté sanitaire, industrielle et sur les services publics. Il avait senti que là on touchait des questions symboliques et effectives très sensibles. Mais dans la réalité, nos gouvernants n’ont pas semblé être maîtres de leurs choix. Si les Français sont avec les Italiens très pro-européens, ils ont le sentiment que Bruxelles mène des politiques qui ne correspondent pas à l’idée qu’ils se font de l’Europe, c’est-à-dire une puissance politique, économique et sociale, prolongement de la France. Dès qu’il y a des expressions de contradictions entre notre façon d’être et des décisions prises par la Commission européenne, vient alors notre déclassement. L’idée que la France ne soit plus souveraine dans ses choix est le grand danger pour le Président Macron. Car sur les questions sanitaires il externalise sur l’ Europe. En même temps il pointe les erreurs et lenteurs de Bruxelles notamment en matière vaccinale et en même temps il délègue aux institutions européennes notre santé... C’est un choix périlleux.

RT France : La crise sanitaire, sociale et économique, ainsi que la résignation et la lassitude des Français ne peuvent-elles pas conduire à des moyens plus expressifs prochainement, comme de nouvelles jacqueries, dans la mesure où le peuple ne se sentirait plus représenté par des gouvernants qui n’œuvreraient plus pour la France ?

R. Le caractère contradictoire de la période c’est que, depuis un an, les Français ont le sentiment que les gouvernants et le sommet de l’Etat ne sont pas indexés sur la souveraineté nationale et les intérêts du pays. Mais cette découverte et la dépendance psycho-politique qu’entraîne la crise pandémique à l’égard du souverain qui décide sous contraintes bruxelloises et allemandes accroissent les contradictions individuelles et collectives d’un pays qui, à la fois, s’aperçoit que l’Etat est à la dérive tout en en dépendant.

Les Français redoutent plus que toute la contingence, le désordre et une incertitude généralisée

Les Français redoutent plus que toute la contingence, le désordre et une incertitude généralisée. Emmanuel Macron est le point de jonction de ces contradictions. Néanmoins, les Français ont compris que l’économie française était sous perfusion et que celui qui tenait le robinet de la perfusion était Emmanuel Macron. Ce qui fait que jusqu’à la présidentielle, Emmanuel Macron est à l’abri d’une jacquerie.

En revanche, quand la présidentielle commencera, Emmanuel Macron aura un double problème que l’on voit déjà dans les intentions de vote. Il sera privé de la dimension spirituelle et il devra gérer quelque chose de très compliqué : Berlin. Sur le plan de relance européen, la logique est que le coût ne compte pas tant qu’il y a la pandémie. Mais ensuite, il va falloir rembourser. Or, ceux qui travaillent sur cette question savent que les Français vont perdre plus qu’ils n’auront à y gagner, sur les conditions mêmes de la mutualisation des dettes et de remboursement. Aussi, la France, et donc Emmanuel Macron, aura la présidence de l’Union européenne [de janvier à juin 2022]. Il y a un problème de calendrier. Au moment où il se représentera à la présidentielle, il devra assumer des choix de montant et remboursement du plan de relance, annulation ou contreparties de la dette. Emmanuel Macron ne pourra ainsi pas dire lorsque ce plan de relance s’arrêtera, qu’il n’en est pas responsable et que la cause vient de l’Europe. Symboliquement, c’est lui qui aura la présidence de l’UE. Ce sera une situation compliquée pour le président sortant, sauf s’il arrivait à complètement réorienter la politique européenne.  

RT France : Ce problème d’agenda ne semble pas encore réellement repéré par les Français et les oppositions ?

Stéphane Rozès :  Il y aura aussi la question pour Emmanuel Macron de qui il trouvera en face en 2022. Il y a deux figures qui se distinguent. Clairement Xavier Bertrand venant de la droite et Arnaud Montebourg venant de la gauche pour contrarier l’alternative Emmanuel Macron contre Marine Le Pen que deux Français sur trois ne veulent pas. Ce choix est différent de 2017. Emmanuel Macron ne peut plus se représenter comme celui qui va révolutionner le système puisqu’il a été le président pendant cinq ans. Ce qui signifie que plus Marine Le Pen est forte, et plus cela sera perçu comme l’effet qu’Emmanuel Macron n’a pas bien présidé la France pendant deux ans. En outre, après une présidentielle cataclysmique, notamment le débat de l’entre-deux tours, Marine Le Pen a entamé une mutation idéologique de rassemblement national, la faisant passer de l’extrême droite de ses origines, raciste, antisémite, à une formation plus gaullienne. La faisant passer du nationalisme à la nation. Dans ce parti, le corpus idéologique et propositionnel comme sur l’Europe, a clairement changé. En revanche, elle n’a pas réussie à mettre en œuvre aussi rapidement le renouvellement de ses cadres et sa capacité de – si elle était élue à la présidence – à agréger d’autres forces pour gouverner gérer les chantiers et les orientations de l’appareil d’Etat sur le plan économique et social. Mais déjà le front républicain est ébréché.

La crise pandémique a également entraîné les Français dans une période historique d’inquiétude généralisée et dans ce contexte, il faudra des conditions très particulières pour remplacer Emmanuel Macron avec cette idée qu’il ne faut pas rajouter dans une période d’insécurités systémiques de nouvelles aventures politiques. «On préfère un malheur connu à une promesse de bonheur», disait le comte de Lampedusa.

RT France : Malgré les problèmes de communication d’Emmanuel Macron et du gouvernement qui en viennent parfois à se contredire en 24 heures, le président actuel ne compte-t-il pas sur l’absence d’une opposition capable, aux yeux des Français, de mieux gérer les affaires du pays ?

Stéphane Rozès :  Les difficultés objectives, erreurs de fond et de communication du président Emmanuel Macron face à la crise sanitaire sont des éléments qui renforcent la sidération et l’inquiétude des Français.

Le président Macron a pour l’heure le monopole de la représentation directe entre le souverain – avec toutes ses faiblesses – et le peuple, qui pour sa part cherche ce qui le tient ensemble… Et c’est justement sa figure ou plus exactement sa symbolique, sa dimension spirituelle.

Mais cela n’aura qu’un temps. Déjà Xavier Bertrand vient de se déclarer et lorsque commencera la présidentielle, les Français remettront chaque présidentiable à égalité. Emmanuel Macron sera alors privé de la dimension symbolique de sa fonction et évalué, comme les autres, au travers de sa capacité à construire un chemin pour la France.

(1) Le grand retournement de la globalisation occidentale néolibérale contre l’Occident. Stéphane Rozès Revue Défense Nationale 2021/3 (N° 838), pages 24 à 30

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