Stelios Kouloglou : les actions de la BCE s’apparentent à du terrorisme financier

Stelios Kouloglou : les actions de la BCE s’apparentent à du terrorisme financier© Yannis Behrakis Source: Reuters
Athènes
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L’euro-député Stelios Kouloglou a confié à RT qu’il estimait que la Grèce était devenue, pour la deuxième fois en six ans, une sorte de laboratoire où l’on teste les différentes façons de soumettre un peuple.

RT France : Certains redoutent que les mesures d’austérité provoqueront, en Grèce, la montée de l’extrême droite. Est-ce vraiment possible ?

Stelios Kouloglou (S.K.) : Tout le programme qui a été imposé à la Grèce le weekend dernier est un programme, non seulement contre la Grèce, mais aussi contre l’Europe et la démocratie. Parce que les Grecs, par deux fois en six mois, ont voté contre l’austérité. Il y a deux semaines, ils ont dit non au référendum, dit qu’ils voulaient rester dans la zone euro, dit qu’ils étaient Européens mais qu’ils ne voulaient quand même moins d’austérité et plus de croissance. Nous ne voulons pas le paradis, nous ne voulons pas le socialisme mais nous voulons moins d’austérité parce que l’austérité toutes ces dernières années a abouti à une catastrophe.

L’Europe a répondu : vous devez voter oui à notre proposition, et si vous votez non, alors vous serez exclus de la zone euro. Les grecs ont alors voté non en croyant que cela pourrait améliorer leur position. Et à la fin, qu’est-ce qu’on obtient ? Des représailles. Parce qu’évidemment ce programme est bien pire que celui qui a été rejeté par référendum. Et c’est la punition du peuple grec qui a osé dire non ! Dans ces conditions-là, l’extrême droite fleurit. Je suis membre du Parlement européen et je vois que l’extrême droite est enthousiaste avec cette tragédie grecque. Parce qu’ils voient là que mêmes les idées fondatrices de l’Europe : la solidarité, la démocratie, le systèmes social sont complètement écrasés.

RT France : En Grèce, le parti Aube dorée peut-il en profiter ?

S.K. : Aube dorée essaie maintenant de profiter de cette situation en se présentant comme le défenseur du non contre les créanciers. Mais je ne sais pas si ce parti, qui est presque ouvertement un néonazi, va arriver au pouvoir parce que la Grèce a beaucoup souffert sous l’occupation pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais sous un visage ou un autre, l’extrême droite va se renforcer.

RT France : L’ancien ministre des Finances Yanis Varoufakis a comparé le plan de sauvetage au Traité de Versailles, qui a été à l’origine de l’essor du parti nazi en Allemagne. Voyez-vous des parallèles ?

S.K. : Il y a plusieurs parallèles. Il y a celui de la dette qui était un problème pour l’Allemagne. Et puis les vainqueurs de la guerre ont imposé à l’Allemagne un programme qui ne marchait pas, qui ne donnait pas aux Allemands l’espérance de voir le bout du tunnel. Par contre, il a provoqué en réaction des sentiments nationalistes, une volonté de s’étendre en Europe. Et dans ce contexte, ce sont Hitler et les Nazis qui en ont profité. 

En plus, dès la première guerre mondiale, on a essayé de se venger contre l’Allemagne. Les mêmes tactiques sont appliquées aujourd’hui à la Grèce. Il y a un sentiment de vengeance, nous sommes victimes de représailles pour avoir voté non. Mais qu’est-ce que c’est ? Si un pays ne peut pas ni changer une politique d’austérité, ni choisir quel programme d’austérité il va appliquer ? Si un peuple, qu’il vote ou non, ne peut pas changer ou modifier un peu la politique d’un précédent gouvernement qui a abouti à une catastrophe, alors pourquoi avoir des élections ? D’autant plus qu’elles coûtent de l’argent, la campagne, la préparation des urnes, le dépouillement, etc. A la fin, les gens comprennent que les élections ne servent à rien et qui sont ceux qui disent ça ? Les néonazis, l’extrême-droite et les staliniens, parfois !

RT France : cela peut-il expliquer les démissions de plusieurs membres de Syriza après l’acceptation du plan de sauvetage ?

S.K. : Un des buts de ce plan de sauvetage imposé à la Grèce et qui n’est presque pas soutenable était justement d’attaquer Syriza, de l’affaiblir ou de le dissoudre. Car vous savez, si Syriza réussit, il y aura d’autres pays au Sud de l’Europe et à la périphérie du continent, comme l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande, qui vont eux aussi essayer de faire évoluer la politique d’austérité qui leur a été imposée et qui a également abouti à une catastrophe. Alors, il fallait utiliser Syriza et la Grèce comme s’ils étaient les mauvais élèves de la classe qu’on punit très sévèrement pour que les autres ne songent pas un instant qu’il est possible de changer de politique. C’est pour ça que Syriza, parti anti-austérité qui doit mettre en œuvre et appliquer des mesures d’austérité, a beaucoup de problèmes internes.

Mais il n’y avait pas d’autre solution. C’était un coup d’état «silencieux». Ils ont utilisé des armes modernes mais pas des chars, comme on dit en anglais not with the tanks, with the banks. Ils ont utilisé les agences de notation, les tranches de remboursement qui n’ont pas été honorées par la Grèce auprès de la Banque centrale européenne pour imposer une sorte de terrorisme financier. Comme le terrorisme classique a pour but de semer la peur dans la population, aujourd’hui tous les Grecs ont peur que les banques ne soient pas réouvertes. C’est très difficile. Je pense que la Grèce est devenue, pour la deuxième fois en six ans, une espèce de laboratoire où l’on teste différentes manières de soumettre un peuple.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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