Un réseau de 18 prisons secrètes au Yémen aurait été découvert. 2 000 prisonniers soupçonnés de liens avec Al-Qaïda y seraient détenus et torturés, financés et utilisés par Abou Dhabi, avec l'aide des Etats-Unis.
L'ONG Human Rights Watch, après s'être penchée sur le sort d'une cinquantaine d'individus passés dans ces prisons, publie son rapport.
RT : Des responsables américains ont assuré que les forces américaines interrogeaient des prisonniers, sans évoquer de violations des droits de l’Homme. Peut-on leur faire confiance ? Par le passé, de telles affirmations ont pu être suivies de la fameuse déclaration d'Obama : «Nous avons torturé quelques gars.»
Ahmed Benchemsi (A. B.) : Ce que nous savons, et qui est formulé dans le rapport que nous venons de publier, est que les Etats-Unis soutiennent la coalition [menée par l'Arabie saoudite] au Yémen. Nous venons de démontrer que les Emirats arabes unis soutenaient les forces yéménites qui ont procédé, lors d'opérations, à des détentions arbitraires, des enlèvements, et qui ont eu recours à la torture sur des dizaines des personnes. Les Emirats, élément-clé de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, financent, arment et entraînent ces forces. Même si ces forces sont d'abord supposées lutter contre les branches yéménites d’al-Qaïda et de Daesh, leur manière de procéder est tout simplement inacceptable.
Je doute vraiment que les informations obtenues grâce à la torture puissent être utiles pour lutter contre le terrorisme
RT : Si les Etats-Unis utilisent les informations obtenues grâce à la torture, mais n’y ont pas eux-mêmes recouru, cela relève-t-il de la violation du droit international ?
A. B. : La torture est, quoi qu'il arrive, une violation. Rien ne la justifie jamais, quoi qu’on obtienne en y ayant recours. Que des gens soient soupçonnés d’être impliqués dans des attentats ne permet pas aux autorités de s'écarter des normes et d'empêcher la personne détenue de se défendre. Violer le droit en recourant à la torture n’est pas une manière de lutter contre le terrorisme. Au contraire : cela suscite la rancune des familles qui ont perdu leurs proches dans des enlèvements ou à cause de séances de torture. Cela peut même aider, en fin de compte, les groupes terroristes. Je doute vraiment que les informations obtenues grâce à la torture puissent être utiles pour lutter contre le terrorisme. Mais qu’elles soit utiles ou non, la torture reste une violation des droits de l’Homme, du droit international, et elle ne doit en aucun cas être autorisée.
Que les Emirats arabes unis soutiennent ainsi les forces yémenites viole de fait les lois et standards internationaux
RT : Pensez-vous que ce rapport suscitera une réaction des Etats-Unis ?
A. B. : Je ne sais pas pour les Etats-Unis, mais que les Emirats arabes unis soutiennent ainsi les forces yémenites viole de fait lois et standards internationaux. Il faut tenir pour responsables ceux qui sont impliqués, à commencer par le gouvernement yémenite et les Emirats arabes unis, afin qu'un terme soit mis à ces traitements inhumains et que soient libérés tout ceux qui sont détenus arbitrairement.