Le quinquennat d'Emmanuel Macron menacé par une instabilité gouvernementale majeure ?

Après la victoire d'Emmanuel Macron, on risque de faire face à une instabilité gouvernementale majeure, car son parti est éparpillé et n'est pas encore structuré, estime le chercheur Bruno Drweski.

RT France : Emmanuel Macron a remporté l'élection présidentielle. Comment voyez-vous son quinquennat ?

Bruno Drweski (B. D.) : Je ne sais pas si cela va durer 5 ans. Evidemment, cela devrait être le cas, mais si on tient compte du fait que nous avons un président qui finalement a été élu contre Marine Le Pen et non pas pour lui, si on prend en considération le taux d’abstention et le taux des votes blancs – qui constitue presque un tiers de l’électorat – et le fait que le parti d’Emmanuel Macron soit encore assez peu solide, on ne sait pas quel sera le résultat des élections législatives. Je ne sais pas si nous nous acheminons vers une instabilité gouvernementale majeure, mais on verra bien. La solidité de l’alliance qui va se bâtir autour d’Emmanuel Macron, ne semble pas être garantie.

RT France : Que montrent le taux d’abstention élevé et les plus de quatre millions de votes blancs ?

B. D. : C’est très révélateur. Partout en France, il y a eu une campagne d’un certain nombre de militants politiques, de différentes formations politiques, soit en faveur de l’abstention, soit pour le vote blanc. L’abstention comme le vote blanc, dans une large mesure, est un vote d’affirmation contre le double choix qui a été proposé aux électeurs. Ce n’était pas le cas lors des élections précédentes.

RT France : Que vous inspire le résultat de la candidate du Front national ?

B. D. : Le résultat du Front national [FN] est évidemment très faible. On peut donc dire que sur ce plan-là, la campagne de barrage au FN a fonctionné. Elle a d’autant plus fonctionné qu’on peut dire que dans la dernière partie de la campagne électorale, Marine Le Pen a fait mauvaise figure. En fait, elle est déjà apparue perdante, ce qui d’ailleurs fait dire à certaines personnes qu’elle ne souhaitait pas être élue, qu’elle n’y croyait pas, et qu’elle voulait plutôt se préparer pour le Parlement, pour les élections législatives.

RT France : Avez-vous un pronostic pour les législatives ?

B. D. : Je ne sais pas du tout. En fait, nous avons un président élu avec un parti qui n’est pas encore structuré. Les partis politiques qui étaient structurés, se sont délités – que ce soit le Parti socialiste, Les Républicains ou le Parti communiste. Le Front national n’est pas non plus un parti très solide, donc nous ne savons pas comment ils peuvent réussir à s’organiser en l’espace d’un mois pour avoir des députés.

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