La CIA a publié un communiqué remettant en question l'intégrité de Julian Assange après les révélations de WikiLeaks sur les tactiques présumées d'espionnage de l’agence américaine de renseignement.
RT a abordé ces révélations sur les activités de la CIA avec l'ancien analyste de la CIA et lanceur d'alerte John Kiriakou.
RT : D'où viennent ces fuites ? Pourquoi ont-elles eu lieu ?
John Kiriakou (J. K.) : Je pense qu’elles viennent probablement d'un sous-traitant de la CIA ou d’un ancien sous-traitant de la CIA. Ce sous-traitant croit franchement qu'il a des preuves de gaspillage, de fraude, d'abus ou d'actions illégales. Ce qui est la définition même du lancement d'alerte et c'est pour cela qu'il a donné ces informations à WikiLeaks.
Je ne reconnais plus la CIA
RT : A quel point la CIA a-t-elle changé depuis que vous avez quitté l’agence ?
J. K. : J'ai quitté l'agence en 2004 et ma démission a été officielle en 2005, et je peux vous dire que je ne reconnais plus cet endroit. Lorsque je travaillais à l'agence, la mission était simple : recruter des espions, voler des secrets et les analyser ensuite et enfin fournir ces analyses aux décideurs politiques pour qu'ils fassent le mieux possible en termes de politique étrangère. Désormais, la CIA est une organisation paramilitaire, c’est une organisation de cyber-guerre.
RT : Est-ce ce vraiment la voie à prendre pour protéger le pays ?
J. K. : Je ne pense pas. Je pense que la CIA devrait vraiment revenir aux fondamentaux et faire ce qu’elle fait de mieux : recruter des espions, comme je l’ai mentionné. Il y a probablement une place pour la cybersécurité ou le cyber-piratage, mais cette place est à la NSA, dans le département de la Défense. Ce n'est pas à la CIA de s'y livrer. L'une des choses qui m'intéressent le plus est que nous n'avons absolument aucune garantie que la CIA n'use pas de ses technologies à l'encontre des citoyens américains. Elle nie agir ainsi, mais beaucoup de ses annonces sont des mensonges.
Les hauts responsables de la CIA aujourd'hui en fonction, à l’exception du directeur lui-même, sont des gens de Barack Obama
RT : C’est presque comme un gouvernement secret, une nouvelle définition de Big Brother : ils pourraient donc détruire les gens, faire pression sur les gens, diffamer des pays, comme c'est le cas avec la Russie. En outre, il y a toujours un agenda politique qui domine. Y a-t-il une guerre civile interne à la communauté du renseignement ?
J.K. : Je crois que oui. Et il s’agit d’un fait relativement récent. Quand je suis entré à la CIA, au début des années 1990, je n'ai jamais eu, jusqu’au 11 septembre, la moindre idée des penchants politiques ou des appartenances politiques des personnes avec qui je travaillais. Après le 11 septembre, c'est devenu beaucoup plus politisé. Puis, tout est devenu très très politisé après l’élection de Barack Obama. N’oubliez pas que les hauts responsables de la CIA aujourd'hui en fonction, à l’exception du directeur lui-même, sont des gens de Barack Obama. Ce sont les gens qui sont venus... sous la présidence de Barack Obama. Je pense qu'ils considèrent probablement Donald Trump comme un problème et se disent : «Je vais lutter contre lui.» Nous sommes en train de voir ce clivage politique à l’intérieur de la communauté du renseignement.
Si nous voyons un script russe dans un code, je serais prêt à parier que c'est la CIA qui l'y a mis
RT : Que pensez vous du groupe Umbrage de la CIA et de sa capacité à laisser des empreintes digitales trompeuses?
J. K. : Je pense qu'il nous faut estimer que, quoi que la CIA fasse, elle est la meilleure au monde, ou du moins est-elle très proche de l'être. Je crois qu'ils ne feraient pas d'erreur aussi stupide que de laisser des indices comme celles que nous avons accidentellement pu observer avec WikiLeaks. Si nous voyons un script russe dans un code, je serais prêt à parier que c'est la CIA qui l'y a mis.
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